Les procédures pour prévenir les escarres sont très simples et faciles à réaliser. La variable la plus importante à prendre en compte est la mobilité et l’activité : il ne faut pas laisser une personne assise ou alitée dans la même position pendant longtemps. Il est nécessaire de procéder à un repositionnement régulier, toutes les deux ou trois heures, et d’avoir une prise en charge de kinésithérapie intensive.
Décharger les zones de pression.
Il convient de fournir des dispositifs de répartition de la pression avec des matelas et des surmatelas spéciaux : matelas à eau, pneumatiques, en mousse lyophilisée, surmatelas dynamiques à air alterné munis de pompe électrique qui gonfle et dégonfle alternativement les boudins, surmatelas assurant une aérosuspension en continu. Des supports statiques sous forme de coussins d’air, de coussins d’assise, de poches remplis d’eau, de talonnières stabilisatrices, offrent une aide appréciable en épousant la forme du corps du patient et en répartissant les pressions sur l’ensemble des zones de portance. Il est également utile de proposer des appareils qui favorisent la mobilisation : déambulateurs, attelles de décharge, potence.
Un nettoyage soigneux de la plaie.
La plaie ne doit pas être asséchée mais lavée au sérum physiologique, ou de l’eau du robinet et du savon. Les antiseptiques, l’eau oxygénée et les produits alcoolisés sont à proscrire. La phlyctène, lorsqu’elle est volumineuse, gênante et douloureuse, se traite en évacuant son contenu mais en conservant le toit puis en la recouvrant d’un pansement humide.
Les principaux pansements humides et leurs spécificités.
- Les hydrocellulaires ne forment pas de gel au contact de l’exsudat, ils l’absorbent par capillarité et ne dégagent pas d’odeurs. Ils peuvent absorber jusqu’à dix fois leur poids sans laisser de résidus sur la plaie, et sans induire de macération. Ils sont indiqués dans le traitement des plaies très exsudatives, depuis la fin de la phase de détersion jusqu’à l’achèvement du bourgeonnement (gammes Allevyn, Biatain, CombiDerm, Tielle, Askina, Suprasorb, Urgotul Absorb, Mepilex, Permafoam, Tegaderm foam…).
- Les hydrocolloïdes sont composés de carboxyméthylcellulose (CMC), ils absorbent l’exsudat en formant un gel humide, occlusif, et antalgique. Ils maintiennent un équilibre thermique et un pH favorable à l’action des macrophages et des polynucléaires, à la biosynthèse du collagène, et à la migration des kératinocytes. Ils sont utilisés pendant toutes les phases de la cicatrisation sur des plaies modérément exsudatives, sauf en cas de plaies infectées. (gammes Algoplaque, Askina, Comfeel, Duoderm, Hydrocoll, Sureskin, Suprasorb, Tegaderm, Urgomed). Sous forme sèche à la base, les hydrofibres se gélifient au contact de la plaie et aident au décollement de tous les débris (Aquacel).
- Les hydrogels sont à forte proportion d’eau (plus de 80 %) et ils sont conseillés lors de la phase de détersion pour humidifier les plaies sèches peu exsudatives. Ils sont capables d’absorber d’importantes quantités de débris nécrotiques et fibrineux et interviennent aussi lors de l’épidermisation (Intrasite gel, Suprasorb G, Nu-gel…).
L’acide hyaluronique assure un très haut niveau d’hydratation tout en diminuant le risque infectieux. Son utilisation est optimale sur les plaies suintantes, à toutes les phases de la réparation cellulaire (Ialuset, Ialuset Plus et Hydro, Effidia).
- Les alginates favorisent également la cicatrisation en milieu humide, en se transformant en un gel hydrophile non adhérent (Algostéril, Suprasorb A, Curasorb, Urgosorb…).
Les pansements au charbon sont adaptés à la détersion des plaies exsudatives, et sont particulièrement destinés au traitement des plaies infectées. Ils neutralisent les odeurs et adsorbent les bactéries (Carboflex, Carbonet, Askina Carbosorb…).
- Les pansements à l’argent ont des propriétés antibactériennes, antifongiques et anti-inflammatoires. Ils sont indiqués pour les plaies souillées, infectées ou susceptibles de le devenir, quel que soit leur stade de cicatrisation (Allevyn S.Ag, Aquacel Ag, Biatain Ag, Askina Calgitrol, Acticoat, Mepilex Ag, Suprasorb A + Ag Urgotul Ag Lite et Lite Border, Urgocell Ag…).
- Les pansements régulateurs de métalloprotéases matricielles (MMP) contrôlent l’activité protéolytique vis-à-vis des composés de la matrice extracellulaire en corrigeant les déséquilibres métaboliques. Le pansement Urgostart associe un composé innovant inhibiteur de MMP, le nano-oligosaccharide factor (NOSF), à un pansement absorbant.
Savoir les appliquer efficacement.
Les pansements de cicatrisation humide peuvent rester en place plusieurs jours, recouverts ou non d’un pansement secondaire. Ils doivent être changés le moins souvent possible, le rythme de renouvellement varie entre 2 et 7 jours, il est fonction de la quantité d’exsudats. Ils sont plus ou moins épais, de taille variable, et se présentent sous différentes formes pour s’adapter au mieux aux caractéristiques de la plaie : formes planes, cavitaires, mèche, border line, plaques, pâtes, gels…
Prendre en compte les douleurs lors du changement de pansement.
Avant le pansement, il est important d’évoquer avec le patient le geste infirmier dans ses moindres détails pour le préparer psychologiquement. Il faut également choisir avec lui la position la moins douloureuse pendant le soin. La douleur de l’escarre n’est pas toujours proportionnelle à la taille ou au stade de celle-ci. Chez certains patients, la sensibilité est accrue, la douleur est mêlée d’angoisse à l’idée de vivre avec une plaie qui va durer des mois et guérir difficilement. Dans certains cas, la détersion est une phase douloureuse et il est conseillé d’appliquer un anesthésique local une heure avant le geste (crème Emla).
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