On les appelle Mimivirus, Pandoravirus et Pithovirus. Sous ces noms barbares se cachent trois familles connues pour rassembler les plus grands virus identifiés sur Terre. Bien que qualifiés de géants, ces virus ne mesurent pas plus de 0,5 millionième de mètre.
Découverts il y a seulement une dizaine d'années (le premier pandoravirus a été trouvé sur une plage de Santiago du Chili), ces virus sont longtemps restés dans l'ombre des bactéries. Pourquoi ? Parce que, expliquent les spécialistes, depuis le milieu du XIXe siècle, on isole les virus en les faisant passer au travers de filtres de plus en plus petits. Les gros virus restaient donc bloqués avec les bactéries et n’étaient pas identifiés. C’est donc tout un monde inconnu qui commencerait à peine à être dévoilé par les scientifiques.
Outre leur taille hors normes, l'autre originalité de ces germes réside dans la richesse de leur patrimoine génomique. Avec 2 500 gènes pour les Pandoravirus et un millier de gènes pour les Mégavirus, le patrimoine génétique des virus géants dépasse en effet de loin celui des virus traditionnels (ceux de la grippe et du sida ne renferment qu’une dizaine de gènes). Et rivalise avec celui des bactéries. Dotés d'un tel génome, leur taille s’apparente à celle de nombreuses bactéries, voire les dépasse. Leur classification même pose question. Car leur complexité structurelle invite les chercheurs à imaginer une nouvelle branche du vivant créée spécialement pour eux, en plus des trois autres déjà existantes que sont les bactéries, les archées et les eucaryotes. Enfin, et c'est là un véritable sujet d'inquiétude évoqué par les chercheurs : la survivance de ces virus potentiellement infectieux combinée aux effets du réchauffement climatique laisse envisager la réemergence de maladies aujourd’hui considérées comme éradiquées, telle la variole. Ces virus pourraient alors passer du statut de géant à celui de monstre…
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Françoise Amouroux
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