L’étude sur le maïs génétiquement modifié de Gilles-Eric Séralini, chercheur en biologie moléculaire à l’université de Caen, publiée la semaine dernière dans la revue « Food and Chemical Toxicology » doit être maintenant soumise à la contradiction. Menée sur deux ans, elle conclut notamment à une surmortalité chez des rats nourris avec du maïs OGM NK 603 de Monsanto. En Europe, ce maïs n’est pas cultivé mais il est importé pour l’alimentation animale. Bruxelles a immédiatement annoncé avoir saisi l’agence européenne de sûreté alimentaire (EFSA) pour évaluer l’étude et « en tirer les conséquences ».
En France, c’est l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) et le Haut Conseil aux biotechnologies (HCB) qui vont s’y atteler. « J’ai demandé une procédure rapide, de l’ordre de quelques semaines, qui permette de vérifier la validité scientifique de cette étude », a indiqué le Premier ministre Jean-Marc Ayrault.
Bernard Meunier, spécialiste de chimie thérapeutique au CNRS, relève trois points « gênants » dans le protocole. D’abord le choix de rats d’une souche dite Sprague-Dawley qui développe facilement des tumeurs. « On les utilise justement pour tester des médicaments anticancéreux », souligne le chercheur. Ensuite, la durée du protocole : « Deux ans, c’est quasiment la fin de vie pour un rat », explique-t-il. Enfin, « les effets observés dans l’étude ne sont pas toujours proportionnels aux doses. »
Mais, au delà de l’étude du Pr Séralini, des critiques existent sur l’insuffisance de la recherche concernant l’impact des OGM : les données fournies par les industriels sont souvent insuffisantes, les travaux sur la longue durée, à des doses non létales, sont trop peu nombreux. « Il faut notamment des études avec des semences telles qu’elles sont utilisées et pas seulement avec des principes actifs », précise Yvon Le Mahon, chercheur au CNRS et auteur en 2008 d’un rapport sur les OGM à la demande du gouvernement français.
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