L’hyperpandémie

Publié le 21/09/2009

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Les experts scientifiques, les politiques et les médias en font-ils trop sur la pandémie hypermédiatisée de grippe A ? Vous avez été plus de 80 % à répondre oui à cette question dans l’enquête flash de notre site Quotipharm.com. Parmi les professionnels de santé, en première ligne face aux possibles conséquences du virus, beaucoup partagent ce sentiment. Le Pr Gentilini, éminent infectiologue, a même parlé de « pandémie de l’indécence », fustigeant la place accordée à la radio, à la télévision et dans la presse au virus A(H1N1), alors que, chaque année, la grippe saisonnière tue près de 500 000 personnes dans le monde, et le paludisme un million, pour ne prendre que ces exemples. Il est vrai que la déferlante d’informations plus ou moins vérifiées sur le sujet, depuis l’apparition du virus au Mexique en mai dernier, donne le tournis. Une école qui ferme, un « people » grippé, et c’est tout le système médiatique qui éternue. Souvenez-vous, déjà, au moment de la crise dite de la vache folle, nous devions tous mourir du prion. Plus récemment, dès qu’un oiseau était retrouvé mort près d’un étang, nous étions menacés par la peste aviaire. Le public semble au bord de la saturation. Et, déjà, sur Internet, une autre vague s’annonce, plus délirante encore, celle du complot planétaire.

Signe inquiétant de ce ras-le-bol, à un mois de l’arrivée des premiers vaccins, la méfiance est de mise. Selon certains sondages, les professionnels de santé semblent eux-mêmes peu enclins à se faire vacciner. Pourtant, la vaccination reste la stratégie la plus efficace pour lutter contre la grippe A(H1N1) qui, il faut le rappeler, contrairement à la grippe saisonnière, peut tuer des sujets jeunes en bonne santé. Ni minimiser, ni affoler. Il faut simplement informer, sans ostentation ni dramatisation. C’est en tout cas la ligne de conduite que nous nous efforçons de respecter au quotidien.

JACQUES GRAVIER