LES HOSPICES CIVILS de Lyon (HCL) utilisaient déjà largement l’hypnose pour soulager la douleur des patients. Mais cette pratique était encore peu utilisée en chirurgie. C’est désormais chose faite, au service de radiothérapie du Centre hospitalier Lyon-Sud, dirigé par le Pr Olivier Chapet, qui précise : « Nous avons
déjà traité 23 patients atteints de cancer de la prostate par curiethérapie sous hypnose. »
La curiethérapie est un traitement du cancer de la prostate réservé à des patients à un stade initial de la maladie. L’intervention dure entre 1 heure 30 et 2 heures, et consiste à insérer des aiguilles via le périnée, afin de déposer dans la prostate de minuscules grains d’iode 125 pour détruire la tumeur. « Une sonde d’échographie est posée au niveau du rectum, ce qui permet à l’ordinateur de reconstruire la prostate en 3D, avec le trajet de chaque aiguille. Un logiciel informatique calcule les positions idéales des sources afin d’obtenir une répartition parfaite de la radioactivité, détaille le Pr Chapet. C’est un traitement peu invasif qui ne nécessite pas de retirer l’organe. Il permet de mieux cibler les zones à traiter et de préserver les tissus sains. Il évite quasi systématiquement les problèmes de fuites urinaires, qui surviennent dans moins d’1 % des interventions, et améliore la conservation des fonctions sexuelles. »
La curiethérapie était déjà développée en ambulatoire au centre hospitalier Lyon-Sud depuis un an. « Nous avons voulu améliorer encore la qualité de vie des patients et nous avons pensé qu’il serait intéressant d’utiliser l’hypnose, explique le Pr Chapet. Ainsi, on évite les risques liés à l’anesthésie générale, et la récupération est immédiate à la sortie du bloc. Il n’y a pas de phase de réveil avec des patients nauséeux ou somnolents. Ils peuvent lire ou regarder la télévision dès qu’on les ramène dans leur chambre après l’opération. »
Le goût de la citronnade.
Concrètement, l’hypnose est pratiquée par l’anesthésiste, le Dr Edwige Rigal, qui communique avec le patient pendant toute la durée de l’intervention. Elle se tient néanmoins prête à pratiquer une anesthésie si nécessaire. « On commence avec l’hypnose et, si tout se passe bien, on poursuit toute l’intervention comme ça, raconte le Pr Chapet. Mais chaque patient fait quand même une consultation d’anesthésie, et on lui pose une voie d’abord pour pouvoir l’endormir s’il n’arrive pas à entrer en hypnose, ou en cas de douleur. On a des patients très satisfaits. Seuls deux d’entre eux nous ont confié qu’ils avaient eu un peu mal et qu’ils n’auraient peut-être pas choisi l’hypnose si c’était à refaire. »
Pierre Charvet, un patient qui a été opéré sous hypnose en février, serait pour sa part prêt à la recommander sans hésiter. « Ça s’est très bien passé. C’était une expérience fabuleuse, s’enthousiasme-t-il. Je n’ai rien senti à part des petites piqûres, comme quand on fait une prise de sang. Et surtout, le "voyage" que j’ai fait sous hypnose m’a permis de me rappeler des souvenirs d’enfance, des odeurs, des noms de personnes, des couleurs… J’ai même retrouvé le goût de la citronnade avec des gâteaux trempés dedans, que ma grand-mère me faisait quand j’étais tout petit ! »
Pour le Pr Chapet, le seul bémol à cette technique est le manque d’anesthésistes formés à l’hypnose. « Pour le moment, nous n’avons qu’une personne opérationnelle. Nous ne pouvons donc proposer cette technique qu’à la moitié de nos patients », souligne-t-il. Heureusement, un second anesthésiste est en cours de formation, ce qui devrait bientôt permettre au Pr Chapet de proposer la curiethérapie sous hypnose à tous ses patients.
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