JUSQU’À présent indique au « Quotidien » Robert Zatorre, professeur à l’institut neurologique de Montréal, au Québec, les aspects fondamentaux de l’apprentissage ont été étudiés par l’observation de son effet sur le cerveau chez des groupes d’individus. Plus récemment et grâce au développement de l’imagerie médicale, des chercheurs commencent à s’intéresser « au fait que dans ces groupes, tout le monde ne répond pas de la même manière, certains répondent plus vite que d’autres. »
« Le langage et la musique représentent les fonctions humaines les plus complexes et constituent donc de bons domaines pour étudier les modèles sensorimoteurs compliqués », souligne Robert Zatorre. Son équipe a entraîné dix personnes à apprendre à distinguer des motifs sonores qui ne diffèrent que par des micro-intervalles de fréquence (c’est-à-dire des intervalles beaucoup plus petits que ceux qui existent dans les gammes traditionnelles). « À la fin de l’apprentissage, l’activité cérébrale a changé dans le cortex auditif. Nous nous y attendions et c’était bien, c’était important, signale le chercheur dans un podcast de « Science ». Mais ce qui nous a surpris, c’est que nous avons constaté que différentes personnes avaient un rythme d’apprentissage différent alors qu’aucun d’entre eux n’avait eu d’éducation musicale. Certaines personnes ont réussi à différencier les motifs (...) dès le premier jour (...) alors que d’autres ont eu besoin de deux semaines pour y arriver. Ce que nous avons trouvé c’est que ceux qui étaient si doués pour (cet exercice), avaient, dès le départ, un mode de réponse cérébrale différent et que, de fait, leurs cortex auditifs encodaient les sons de façon plus efficace que ceux qui apprenaient plus lentement. »
Des questions restent à résoudre.
Ces résultats ont été reproduits jusqu’à un certain degré dans le domaine du langage. Une autre équipe scientifique a mis en évidence, par exemple, que les personnes capables d’assimiler la sonorité d’une langue étrangère plus rapidement que d’autres ont dès le départ une réponse au niveau de cortex auditif plus importante que ceux qui l’apprennent moins bien. Ces personnes ont aussi des niveaux de connectivité entre des composants clés d’un réseau associé au langage plus élevés que les autres. D’autres études ont également montré que la connectivité anatomique entre des régions corticales spécifiques conditionne le succès. Des résultats similaires ont aussi été obtenus dans le domaine visuel, précise le chercheur québécois.
Il n’est pas clair cependant que la prédisposition à un apprentissage particulier ait une signification pour le niveau d’accomplissement final, il se pourrait qu’au moins dans certains cas, il ne se rapporte qu’à la vitesse de cet apprentissage. De nombreuses autres questions restent à résoudre, constate Robert Zatorre. L’une d’entre elles concerne l’identification de la cause de ces différences individuelles. Cette démarche devrait conduire à considérer les interactions entre la génétique et les mécanismes épigénétiques, en tenant compte de facteurs environnementaux qui incluent l’environnement social.
« Enfin comme toute découverte importante, conclut-il, cette connaissance pourrait être utilisée de façon positive ou négative. (...) Un usage inapproprié de cette information serait de décider, par exemple, de ne pas faire étudier une deuxième langue à un enfant parce qu’il n’est pas doué pour cela. Au contraire, si l’on sait qu’un individu pourrait être plus lent que les autres dans un certain domaine, cela signifie qu’il a besoin de plus d’aide, pas de moins d’opportunités. »
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