La décision de la présidente du Conseil régional d’Ile-de-France, Valérie Pécresse (Les Républicains), de mettre fin au Pass contraception provoque de nombreuses réactions. À commencer par celles de la ministre de la Santé. Marisol Touraine a estimé sur France Inter que la suppression de ce dispositif représentait un « signal désastreux à un moment où on sait que les questions liées à la santé sexuelle sont des questions tout à fait importantes ». « Le Pass contraception était une manière d’entrer en contact, de sensibiliser, de parler avec les jeunes », explique la ministre.
La décision du Conseil régional d’Ile-de-France est isolée puisque les autres régions ayant mis en place ce dispositif envisagent de le maintenir. De son côté, Valérie Pécresse justifie cet arrêt par l’échec total de la mesure. Seulement 2 000 Pass auraient été distribués en cinq ans en Ile-de-France, et aucun en 2015.
Un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) d’avril 2015 sur « l’accès gratuit et confidentiel à la contraception pour les mineures » indiquait déjà que « le taux de recours à ces Pass reste excessivement faible, et ce même dans les territoires ruraux qui en constituaient au départ la cible privilégié ». Moins de 4 % des jeunes filles concernées y auraient recours en moyenne et moins de la moitié des chéquiers seraient utilisés. Il faut dire que le dispositif est très souvent méconnu des adolescents, mais également jugé complexe par de nombreux professionnels, y compris des pharmaciens. Certains confrères ont aussi été confrontés à des difficultés de remboursement, surtout au début, ce qui les a peut-être conduits à bouder, malgré eux, la mesure.
Un outil utile
Toutefois, les représentants d’associations féministes et du Planning Familial considèrent que remettre en cause le principe du Pass contraception représente un véritable recul. Pour Veronica Noseda, coordinatrice nationale du Planning Familial, « l’éliminer, c’est risquer de creuser les inégalités. Raisonner en termes de nombre est lacunaire : ce pass a pour vocation de servir aux jeunes filles les plus vulnérables, notamment dans les campagnes ou les territoires reculés ». Des pistes d’amélioration étaient possibles, selon elle, comme une meilleure articulation avec le planning, une meilleure communication et information, et une mobilisation de tous les acteurs. « Certaines jeunes filles ont pu se faire recaler par des pharmaciens lorsqu’elles présentaient un chèque du Pass. D’autre part, le nom des médecins qui acceptaient le dispositif n’était pas toujours communiqué aux jeunes filles qui ne savaient pas où se rendre », poursuit-elle.
Gilles Lazimi, médecin généraliste à Romainville, et membre du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, assure, lui aussi, que cet outil est utile. « Certes, il est insuffisant utilisé, mais il se montre pertinent pour toucher des femmes peu sensibilisées, consultant rarement des médecins, loin des centres de planning », explique-t-il. Le Pass avait notamment le mérite d’assurer la confidentialité et la gratuité de la contraception, observe le Dr Lazimi.
La suppression du Pass contraception en Ile-de-France va aussi à l’encontre de l’avis du Haut Conseil de la santé publique sur la santé sexuelle et reproductive, qui recommande de communiquer mieux et plus sur la gratuité et l’anonymat des mineures pour l’accès à la contraception, de les étendre aux jeunes femmes de 18 à 25 ans, et de promouvoir à l’école une éducation à la santé sexuelle dès le plus jeune âge.
Quoi qu’il en soit, Valérie Pécresse a indiqué qu’une réflexion va être engagée avec les associations pour la mise en place d’un nouveau dispositif plus efficace et plus adapté. À suivre.
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