Des manifestations eczémateuses chez l'adulte doivent amener à se poser la question d'une dermatite atopique de l'enfance persistante, d’un autre type d’eczéma ou d’une dermatose ressemblant à un eczéma.
En cas de dermatite atopique dans l'enfance, associée à des manifestations respiratoires atopiques ou à des allergies digestives, le diagnostic de dermatite atopique peut être porté chez l'adulte (1) en présence de lésions cliniques typiques : eczéma chronique épais, lichénifié, avec parfois poussées aiguës suintantes.
Une dermatose eczémateuse débutante avec des manifestations cliniques non typiques doit amener à rechercher une autre dermatose (eczéma de contact, gale, lymphome notamment), avec biopsie cutanée pour confirmer l’eczéma ou tests de contact pour éliminer un eczéma allergique de contact.
« Contrairement aux idées reçues qui ont longtemps perduré », souligne le Pr Annick Barbaud, hôpital Tenon, Paris, « la dermatite atopique ne protège pas de la survenue d'un eczéma de contact. C'est pourquoi il faut toujours se remettre en question face à un patient atopique, sachant qu'une allergie de contact peut se surajouter à la dermatite atopique. En outre, si la dermatite atopique commence à résister au traitement standard (émollient et dermocorticoïde), il faut rechercher une éventuelle sensibilisation à ces topiques, notamment une allergie aux crèmes corticoïdes ».
Quand suspecter un eczéma allergique de contact
Un eczéma allergique de contact surajouté doit être suspecté lorsqu'une dermatite atopique réagit mal au traitement. Il peut passer inaperçu sur un fond d’eczéma chronique, mais son diagnostic est important car l'eczéma s'améliore en éliminant la cause d’une allergie de contact.
Les principaux responsables d'un eczéma allergique de contact sont le nickel (boutons de jean, bijoux fantaisie, pièces de monnaie...), les conservateurs (lingettes, produits d'hygiène, cosmétiques...), les parfums ou certains filtres solaires, les huiles essentielles de certains cosmétiques dits « bio », des vêtements, des chaussures (chrome du cuir, colles), ainsi que les dermocorticoïdes topiques possiblement allergisants.
La positivité des tests épicutanés permet d'identifier le responsable d’un eczéma allergique de contact.
Une forme particulière d’eczéma qui siège uniquement sur le visage et le cou est possible chez les adultes atopiques. Ce qui doit amener à rechercher une infection par des levures du genre Malassezia.
Que faire en cas d'échec du traitement ?
Avant d’envisager un changement de traitement et le passage à des traitements plus lourds, il est nécessaire de s’assurer que le traitement local a été correctement effectué et rechercher des allergies surajoutées (alimentaires, aux poussières, aux pollens).
En cas d'eczéma de contact, le patient peut développer un eczéma généralisé (conservateurs des cosmétiques, peintures...) et comme le conseille le Pr Annick Barbaud « Il ne faut pas hésiter à adresser au spécialiste pour un bilan. En revanche, il n'est pas indispensable de demander un bilan en cas d'allergie au nickel. En ce qui concerne les réactions allergiques professionnelles, notamment chez les apprenties coiffeuses (allergie aux produits de permanentes, aux colorants), il est nécessaire de les adresser au spécialiste pour un bilan afin de savoir à quel produit elles se sont sensibilisées et, si nécessaire, les aider dans une reconversion professionnelle ».
En cas d'échec du traitement local, le spécialiste pourra avoir recours à la puvathérapie et aux traitements par voie générale. « Les immunosuppresseurs (ciclosporine) sont efficaces en cas de dermatite atopique très inflammatoire et résistant au traitement local », souligne le Pr Annick Barbaud, « mais si la ciclosporine permet de passer des caps, elle n'est pas envisageable en traitement au long cours. Il en est de même des thérapies ciblées, commercialisées à l'horizon 2018 dans la dermatite atopique, qui permettront de calmer les poussées, mais ne peuvent constituer un traitement à vie ».
Dr Martine ANDRÉ
D'après un entretien avec le Pr Annick Barbaud, chef du service de dermatologie et allergologie, hôpital Tenon, Paris
(1) Wollenberg A, Oranje A, Deleuran M et al. ETFAD/EADV Eczema task force 2015 position paper on diagnosis and treatment of atopic dermatitis in adult and paediatric patients. J Eur Acad Dermatol Venereol. 2016;30(5):729-47.
En cas de dermatite atopique dans l'enfance, associée à des manifestations respiratoires atopiques ou à des allergies digestives, le diagnostic de dermatite atopique peut être porté chez l'adulte (1) en présence de lésions cliniques typiques : eczéma chronique épais, lichénifié, avec parfois poussées aiguës suintantes.
Une dermatose eczémateuse débutante avec des manifestations cliniques non typiques doit amener à rechercher une autre dermatose (eczéma de contact, gale, lymphome notamment), avec biopsie cutanée pour confirmer l’eczéma ou tests de contact pour éliminer un eczéma allergique de contact.
« Contrairement aux idées reçues qui ont longtemps perduré », souligne le Pr Annick Barbaud, hôpital Tenon, Paris, « la dermatite atopique ne protège pas de la survenue d'un eczéma de contact. C'est pourquoi il faut toujours se remettre en question face à un patient atopique, sachant qu'une allergie de contact peut se surajouter à la dermatite atopique. En outre, si la dermatite atopique commence à résister au traitement standard (émollient et dermocorticoïde), il faut rechercher une éventuelle sensibilisation à ces topiques, notamment une allergie aux crèmes corticoïdes ».
Quand suspecter un eczéma allergique de contact
Un eczéma allergique de contact surajouté doit être suspecté lorsqu'une dermatite atopique réagit mal au traitement. Il peut passer inaperçu sur un fond d’eczéma chronique, mais son diagnostic est important car l'eczéma s'améliore en éliminant la cause d’une allergie de contact.
Les principaux responsables d'un eczéma allergique de contact sont le nickel (boutons de jean, bijoux fantaisie, pièces de monnaie...), les conservateurs (lingettes, produits d'hygiène, cosmétiques...), les parfums ou certains filtres solaires, les huiles essentielles de certains cosmétiques dits « bio », des vêtements, des chaussures (chrome du cuir, colles), ainsi que les dermocorticoïdes topiques possiblement allergisants.
La positivité des tests épicutanés permet d'identifier le responsable d’un eczéma allergique de contact.
Une forme particulière d’eczéma qui siège uniquement sur le visage et le cou est possible chez les adultes atopiques. Ce qui doit amener à rechercher une infection par des levures du genre Malassezia.
Que faire en cas d'échec du traitement ?
Avant d’envisager un changement de traitement et le passage à des traitements plus lourds, il est nécessaire de s’assurer que le traitement local a été correctement effectué et rechercher des allergies surajoutées (alimentaires, aux poussières, aux pollens).
En cas d'eczéma de contact, le patient peut développer un eczéma généralisé (conservateurs des cosmétiques, peintures...) et comme le conseille le Pr Annick Barbaud « Il ne faut pas hésiter à adresser au spécialiste pour un bilan. En revanche, il n'est pas indispensable de demander un bilan en cas d'allergie au nickel. En ce qui concerne les réactions allergiques professionnelles, notamment chez les apprenties coiffeuses (allergie aux produits de permanentes, aux colorants), il est nécessaire de les adresser au spécialiste pour un bilan afin de savoir à quel produit elles se sont sensibilisées et, si nécessaire, les aider dans une reconversion professionnelle ».
En cas d'échec du traitement local, le spécialiste pourra avoir recours à la puvathérapie et aux traitements par voie générale. « Les immunosuppresseurs (ciclosporine) sont efficaces en cas de dermatite atopique très inflammatoire et résistant au traitement local », souligne le Pr Annick Barbaud, « mais si la ciclosporine permet de passer des caps, elle n'est pas envisageable en traitement au long cours. Il en est de même des thérapies ciblées, commercialisées à l'horizon 2018 dans la dermatite atopique, qui permettront de calmer les poussées, mais ne peuvent constituer un traitement à vie ».
Rechercher les déclencheurs de prurit
- Certains produits d'hygiène, de soins (savons ou désinfectants) peuvent être irritants et déclencher des démangeaisons et des poussées d’eczéma.
- Il est donc conseillé de n’utiliser que des produits spécifiques aux peaux atopiques, sèches, sensibles et de tester la bonne tolérance du produit sur une zone limitée, compte tenu de réactions individuelles imprévisibles.
- Des vêtements en tissu rêche ou en laine peuvent déclencher un prurit, ainsi que des produits de toilette moussants, des lessives et additifs.
- Certains produits d'hygiène, de soins (savons ou désinfectants) peuvent être irritants et déclencher des démangeaisons et des poussées d’eczéma.
- Il est donc conseillé de n’utiliser que des produits spécifiques aux peaux atopiques, sèches, sensibles et de tester la bonne tolérance du produit sur une zone limitée, compte tenu de réactions individuelles imprévisibles.
- Des vêtements en tissu rêche ou en laine peuvent déclencher un prurit, ainsi que des produits de toilette moussants, des lessives et additifs.
Dr Martine ANDRÉ
D'après un entretien avec le Pr Annick Barbaud, chef du service de dermatologie et allergologie, hôpital Tenon, Paris
(1) Wollenberg A, Oranje A, Deleuran M et al. ETFAD/EADV Eczema task force 2015 position paper on diagnosis and treatment of atopic dermatitis in adult and paediatric patients. J Eur Acad Dermatol Venereol. 2016;30(5):729-47.
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