Quelques définitions
Mal de gorge : on l’observe chez l’enfant comme chez l’adulte. Gorge douloureuse à la déglutition, sensation de brûlure ou de picotements, le mal de gorge se manifeste par l’expression de différents symptômes. L’origine infectieuse, et notamment l’angine ou la rhinopharyngite, est fréquemment observée mais l’irritation de la gorge peut également être due à un air trop sec, à l’inhalation de poussières, de fumée de tabac, à une mauvaise utilisation de la voix, ou à une inflammation due au passage d’un objet inhabituel, une arête de poisson par exemple.
L’enrouement : il correspond à une altération du timbre de la voix. C’est un trouble des cordes vocales, qui ne vibrent plus normalement. La voix devient plus basse, rauque et parfois quasi inaudible, ce que l’on appelle communément l’extinction de voix. L’enrouement peut s’accompagner de toux plus ou moins forte ou de maux de gorge. Les origines sont diverses ; on citera notamment la laryngite, une atmosphère trop sèche ou enfumée ou encore des nodosités bénignes sur les cordes vocales en raison d’une sollicitation trop forte.
Amygdale : les amygdales sont les organes lymphoïdes de la gorge. Elles tiennent leur nom de leur forme en amande. On distingue les amygdales palatines, au nombre de deux, l’amygdale pharyngienne située sur la paroi rhinopharyngée, et l’amygdale linguale. L’amygdalectomie correspond à l’ablation des amygdales palatines. L’hypertrophie de l’amygdale pharyngienne constitue les végétations adénoïdes.
Pharynx : situé au-dessus de l’œsophage et du larynx, le pharynx est constitué de l’oropharynx qui communique avec la bouche, et du rhinopharynx qui communique avec les fosses nasales. Le pharynx reçoit latéralement les trompes d'Eustache. Ce conduit musculo-membraneux est considéré comme le carrefour des voies respiratoires et digestives.
Larynx : situé sous le pharynx, au-dessus de la trachée et en dedans de la glande thyroïde, le larynx est l’organe de la phonation. Il possède deux cordes vocales. Il est constitué de muscles et de cartilages, dont le plus volumineux est le cartilage thyroïde.
Un peu de physiopathologie
Angine, laryngite, pharyngite, ces pathologies sont toutes responsables de maux de gorge.
L’angine.
L’angine est une inflammation des amygdales et/ou de l’oropharynx. D’un point de vue clinique, l’angine se caractérise par une fièvre, des ganglions lymphoïdes, une gêne douloureuse à la déglutition. Cette pathologie est à l’origine de 9 millions de diagnostics chaque année en France. L’angine est d’origine virale dans 50 à 90 % des cas. En outre, chez l’enfant de moins de 3 ans, les angines sont presque toujours d’origine virale. Une angine bactérienne à streptocoque bêtahémolytique du groupe A est à suspecter en cas de fièvre importante, d’adénopathie douloureuse et de points blancs dans la gorge. Ces dernières ne doivent pas être négligées compte tenu du risque de complication potentielle, à court terme, comme le phlegmon périamygdalien, ou à long terme, notamment la glomérulonéphrite ou les rhumatismes articulaires. Un test de diagnostic rapide permet au médecin d’orienter sa prescription et de mettre en place si nécessaire une antibiothérapie.
La pharyngite
La pharyngite correspond à une inflammation du pharynx. Chez l’enfant, on observe plus fréquemment une rhinopharyngite, c’est-à-dire l’inflammation du rhinopharynx. Cette dernière est d’origine virale, causée par les rhinovirus.
La laryngite
L’inflammation du larynx entraîne une dysphonie se traduisant par un enrouement voire une extinction de voix. Du point de vue clinique, la laryngite se manifeste par une sensation de chatouillement ou d’irritation de la gorge, et s’accompagne d’une toux plus ou moins forte. La fièvre est fréquemment observée chez l’enfant, elle est plus rare chez l’adulte. On distingue la laryngite aiguë, d’origine infectieuse bactérienne ou virale, et la laryngite chronique.
Les mots du conseil
Le diagnostic ne relève pas de la compétence du pharmacien. C’est pourquoi, au comptoir, l’objectif est de soulager le patient et de l’orienter si nécessaire vers une consultation médicale. Dans le cas d’un mal de gorge, les termes d’angine ou de laryngite ne seront pas évoqués. En revanche, il est important que le patient puisse décrire sa gêne et exprimer les conditions de survenue. En effet, si un contexte clinique précis est établi, comme une utilisation excessive de la voix ou l’inhalation de fumée ou de poussières irritantes, le mal de gorge peut faire l’objet d’un conseil officinal. Il est également important d’écarter tout facteur de risque. Un patient fumeur se plaignant d’un enrouement continuel doit être observé par le médecin.
Si le mal de gorge de gorge s’accompagne de fièvre, en particulier chez l’enfant, une consultation est recommandée. De même, une dysphonie chez l’enfant peut également être consécutive à la présence d’un corps étranger intralaryngé. C’est une situation d’urgence.
Des conseils appropriés
L’assèchement de la muqueuse pharyngée augmentant la sensation de brûlure, il est conseillé de boire de l’eau. On peut également humidifier l’atmosphère du domicile ou du lieu de travail, avec un linge mouillé posé sur le radiateur. Les aliments liquides et doux seront appréciés. Au contraire, il est préférable d’éviter les aliments acides et trop salés.
Dans le cas de l’enrouement, la première des recommandations est le repos vocal. Attention, parler à voix basse en chuchotant de manière forcée sollicite plus fortement les cordes vocales que parler normalement ! Boire beaucoup aide les cordes vocales à rester humides et peut donc soulager le patient.
Certains métiers font cependant énormément appel à l’utilisation de la voix. Chez ces personnes, et en particuliers celles rencontrant souvent un problème de dysphonie, l’apprentissage de nouvelles méthodes basées sur la respiration chez un phoniatre ou un orthophoniste peut être une solution intéressante. Le pharmacien peut orienter le patient dans cette voie.
Enfin, il est important de traiter la toux associée, cause ou conséquence de l’irritation de la gorge.
Les produits conseil
La médication officinale fait la part belle aux médicaments indiqués dans les maux de gorge. Sur la dernière liste en vigueur, on dénombre plusieurs dizaines de spécialités pouvant être disposées devant le comptoir. Pastilles, collutoires ou comprimés à sucer, il y en a pour tous les goûts. On y retrouve évidemment les grandes gammes de médicaments spécialisées dans les troubles de la sphère ORL, notamment Strepsils, Humex, Drill et Vicks. Pour autant, le conseil du pharmacien reste indispensable pour orienter le choix du patient, en fonction de ses symptômes, de son âge et de ses antécédents médicamenteux ou pathologiques. Chez les diabétiques par exemple, le pharmacien veillera à délivrer un médicament portant la mention « sans sucre ».
Collutoires, pastilles ou suppos.
On peut classer les médicaments allopathiques indiqués dans les maux de gorge peu intenses sans fièvre ou le traitement d'appoint des états congestifs de l'oropharynx en plusieurs catégories, selon leur composition en principe actif. Parmi les collutoires ou pastilles à visée antibactérienne, on citera l’hexétidine (Collu-Hextril), l’hexamidine (Désomédine), le biclotymol (Hexaspray, Humex mal de gorge, Solutricine maux de gorge) ou encore la chlorhexidine (Collunovar). Les actifs antibactériens sont fréquemment associés dans une même spécialité à des anesthésiques locaux, les chefs de file étant la lidocaïne (Strepsils) et la tétracaïne (Cantalène, Ergix, Éludril, Drill). On citera également l’ambroxol, entrant dans la composition de Lysopadol, ou le chlorbutanol (Angispray). Le lysozyme, principe actif de Lysopaïne et de Lyso-6, est une mucopolysaccharidase considérée comme un agent de défense naturel de l’organisme. On le retrouve associé avec le biclotymol et l’énoxolone dans Hexalyse. L’alpha-amylase contenue dans Maxilase ou Mégamylase est une enzyme à visée anti-inflammatoire. En comprimé, rappelons que Maxilase est réservé à l’adulte.
Le bismuth entre dans la composition de suppositoires pour adultes ou enfants, tels que Bi-qui-nol ou Pholcones Bismuth. Attention, ce dernier contient également des dérivés terpéniques, le cinéole, pouvant abaisser le seuil épileptogène et nécessitant pour cela des mesures de précaution. D’autres spécialités indiquées pour les maux de gorge contiennent également des dérivés terpéniques (Pulmoll au menthol et à l’eucalyptus, Valda). Enfin, du fait de la présence de réglisse, les pastilles Blackoïds du Dr Meur doivent être utilisées avec prudence chez les sujets hypertendus.
Des traitements limités à 5 jours.
Une notion importante, la durée du traitement par ces médicaments est limitée à 5 jours. Un traitement dont la durée serait supérieure à 5 jours pourrait exposer à un déséquilibre de la flore microbienne normale de la cavité buccale avec un risque de diffusion bactérienne ou fongique. En outre, les AMM de la plupart de ces médicaments précisent la nécessité d’une antibiothérapie par voie générale devant des signes cliniques généraux d'infection bactérienne. Cette mention appelle à la vigilance du pharmacien.
Pour soulager la douleur, un traitement antalgique à base de paracétamol constitue selon les recommandations officielles le seul traitement. Le flurbiprofène, anti-inflammatoire contenu dans Strefen pastille à sucer, peut être conseillé chez les adultes et l’enfant à partir de 12 ans. Cependant, il est contre-indiqué chez les sujets asthmatiques et en cas d’antécédent d’ulcères.
Et aussi…
Les spécialités à base de propolis se développent. On citera par exemple la gamme Oropolis. Ce ne sont pas des médicaments mais ils sont reconnus pour leurs propriétés adoucissantes. Tout comme la guimauve (Prima drill) en bonbons ou en infusion. Ces produits peuvent être conseillés dans les cas de gorges irritées, ou dans les cas de stress ou d’émotion, pouvant entraîner une gêne voire des maux de gorge. On peut les associer à un médicament indiqué pour diminuer l’anxiété (Sédatif PC). Le miel, bien entendu, conserve sa réputation d’adoucissant en cas de maux de gorge ou d’enrouement. On le retrouve dans de nombreuses spécialités précitées. En phytothérapie, on citera également Activox (érysimum, matricaire) ou Euphon pastille (érysimum).
Pour les extinctions de voix ou les enrouements, l’homéopathie dispose de spécialités telles qu’Homéovox. On peut également conseiller des gargarismes d’une préparation à base de Phytolacca et de Calendula, pour leurs propriétés respectivement décongestionnante et cicatrisante.
Enfin, en aromathérapie, le choix pourra se porter sur Oligoseptil sirop, associant des huiles essentielles (pin sylvestre, échinacée, menthe poivrée, citron) et de la propolis.
Locabiotal, à base d’huile essentielle de menthe, est utilisé comme antalgique dans les affections de la cavité buccale et du pharynx.
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Françoise Amouroux
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