RÉUNIS autour de la question du partenariat entre médecin et pharmacien, des experts d’horizons différents ont, dans un premier temps, dégagé les orientations essentielles que devrait suivre ce partenariat. Puis, ils ont formulé des propositions concrètes dont certaines sont déjà en expérimentation.
Orientations essentielles.
Le Pr Jacques Bringer, doyen de la faculté de médecine de Montpellier, fait le constat que, quelle que soit la maladie chronique (diabète, obésité, BPCO…), sa survenue procède de facteurs identiques : le comportement alimentaire, la sédentarité, les addictions (le tabac en première ligne), le profil psychosocial relié au niveau d’éducation générateur d’un bain favorisant aussi bien l’arrivée de la maladie que l’apparition de ses formes sévères. Le pharmacien, qui voit régulièrement le patient et les membres de sa famille, identifie aisément ces facteurs et intervient dans une démarche de prévention primaire, dans le ciblage des individus et leur orientation vers les acteurs d’une prise en charge initiale adaptée.
Outre la prise en charge pharmacologique de ces malades, il s’agit de réaliser une modification thérapeutique du mode de vie de ces malades. « Là aussi, le pharmacien est capable d’accompagner cette entreprise qui s’inscrit nécessairement dans le long terme », observe le Pr Olivier Ziegler, du CHU de Nancy, président de la Société française d’étude et de recherche sur l’obésité tout en insistant sur la conduite générale de réduction de la stigmatisation de ces malades.
Le mode chronique sur lequel évolue la maladie expose inévitablement à l’inobservance. Le président de l’Association française des diabétiques, Gérard Raymond, reconnaît aux pharmaciens un rôle essentiel d’information et de surveillance pour améliorer l’observance et suggère d’implanter ses actions dans le moment présent. Dire au patient : « il faut que vous soyez observant sinon vous serez aveugle dans 15 ans », n’a pas de sens pour lui qui ne se projette pas à si longue échéance. D’un autre coté, la pratique de fenêtre thérapeutique étroite est une action à manipuler avec nuance.
Propositions d’actions.
La formation des médecins et pharmaciens est au cœur des changements à opérer. Le Dr Bourdillon, représentant la Société française de santé publique, suggère une approche pluriprofessionnelle d’emblée et pointe le besoin de mise en situation comme si le malade chronique était devant les étudiants qui doivent se poser toutes les questions : quel âge ? Quelles complications ? Quelle ancienneté ? Quelle priorité de vie ? Quelles ressources ? Quelles capacités d’observance ? Le Pr Anne-Marie Saux, de la Société française de pharmacie clinique souligne qu’un gros effort en terme d’heures d’enseignement a été fait, lors de la réforme des études de pharmacie pour l’éducation thérapeutique. Pour le doyen de la faculté de médecine de Montpellier, Pr Bringer, c’est une évidence : la seule façon de progresser dans l’efficacité des traitements des maladies chroniques est de décloisonner les formations. Par la pluridisciplinarité, chacun s’enrichit des connaissances de l’autre.
Sur le terrain, le Pr Ziegler fait part d’actions d’éducation thérapeutique de proximité expérimentées en Lorraine dans le cadre du plan obésité. Elles s’appuient sur un parcours simplifié mettant en jeu un duo médecin-pharmacien. Le soin est payé à la carte, ce qui réduit son coût. Un nouveau système informatique qui permet cette comptabilité est en cours d’évaluation. Un nouveau métier de facilitateur de cette chaîne de soin pourrait voir le jour. Le pharmacien, bénéficiant d’une proximité territoriale avec les patients peut devenir le moteur d’une éducation thérapeutique à l’extérieur de l’hôpital via les salles d’éducation thérapeutiques aménagées dans son officine. Il peut initier cette nouvelle approche et élaborer des séances en collaboration avec les associations de patients et d’autres acteurs de santé.
L’accompagnement au plus près du malade chronique est gage de stabilisation de sa maladie. Médecin et pharmacien œuvrent ensemble de façon à passer de la médecine de la maladie à la médecine de la personne en donnant au patient le soutien qu’il faut là où il est.
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