« LA PRÉVENTION est un outil formidablement efficace », se réjouit Françoise Weber, directrice générale de l’Institut de veille sanitaire (InVS), dans l’éditorial du « BEH » d’aujourd’hui (n° 19-20). Les résultats présentés dans ce numéro thématique sont en effet, encourageants. L’étude de l’évolution de la mortalité par cancer du poumon depuis les années 1950 en fonction de la consommation de tabac montre que les actions vigoureuses menées ces dernières années ont eu un impact indéniable, surtout chez les hommes. « On observe une baisse récente de la mortalité par cancer bronchique dans la population masculine », soulignent les auteurs, Catherine Hill, Éric Jougla et François Beck. La baisse la plus spectaculaire a été observée chez l’adulte après 35 ans. « Pour surveiller l’épidémie due au tabac, l’indicateur le plus sensible et le plus précoce est la mortalité par cancer bronchique entre 35 et 44 ans. C’est l’âge où le risque est suffisamment important pour pouvoir être estimé d’une façon fiable et c’est aussi l’âge où l’on peut détecter le plus spécifiquement les effets du tabagisme de 20 et 30 dernières années », précisent-ils. La mortalité reflète dans ce cas « le résultat des expositions des 20 à 25 dernières années dans la mesure où l’entrée dans le tabagisme se fait massivement entre 15 et 20 ans », expliquent-ils encore.
Tendance inversée chez les femmes.
Le risque de décès chez les hommes dans cette tranche d’âge a diminué de moitié en dix ans, alors que, dans le même temps, le nombre moyen de cigarettes fumées entre 15 et 44 ans était aussi en train de diminuer. « Ce succès est presque entièrement attribuable à la prévention du tabagisme parce que les autres expositions (professionnelles et pollution) ont une influence moindre et parce que le traitement du cancer du poumon a malheureusement peu progressé », commente Françoise Weber. Chez les femmes, beaucoup d’efforts restent à faire. La mortalité par cancer est en hausse, ce qui reflète une entrée plus récente dans le tabagisme. La mortalité chez les femmes de 35 à 54 ans dans la période 2000-2007 est proche de la mortalité chez les hommes durant les années 1950. Et chez les 35-44 ans, on observe une tendance inverse de celle des hommes avec un risque de décès multiplié par 4 entre 1984 et 1999 avec une consommation de tabac en hausse. Ces données confirment « que les femmes encourent les mêmes risques que les hommes quand elles fument autant », affirment Hill et coll.
Une analyse des conséquences des augmentations des prix, publiée dans le même « BEH », montre que la hausse de 2003-2004 a entraîné une importante diminution des ventes et une baisse de la prévalence du tabagisme chez les adolescents. Cette baisse n’a été compensée que pour moitié par les achats transfrontaliers. En revanche, les augmentions ultérieures de prix, faites à l’initiative des fabricants, n’ont pas eu d’effet sur les ventes. « Aucune action de prévention n’est plus efficace que l’arrêt du tabac, conclut Françoise Weber. Il faut poursuivre les actions tous azimuts, en particulier sur le prix, si on veut aboutir à une réduction massive du problème. » L’homogénéisation de la taxation des différents produits du tabac, de même que l’harmonisation des taxes en Europe représenteraient, selon elle, « un progrès considérable ».
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