LES ALLERGOLOGUES sont irrités. Réunis en congrès à Paris, ils s’alarment de la recrudescence du phénomène allergique dans nos sociétés. « On a l’impression que l’homme fait tout pour aggraver ses conditions de vie », s’inquiète ainsi le Pr Benoît Wallaert, de l’hôpital Albert-Calmette de Lille.
Premier facteur d’augmentation des allergies pointé du doigt par les spécialistes, la pollution atmosphérique. Allergie et pollution forment « un couple infernal », estime Benoît Wallaert. En effet, explique-t-il, les allergènes sont modifiés chimiquement par les polluants, tandis que ces derniers agissent directement sur les muqueuses en augmentant la réaction inflammatoire. Un cercle vicieux.
La patte de l’homme est aussi à l’origine de l’intolérance à certains pollens. La raison ? Les urbanistes des espaces verts ont modifié l’écologie en transplantant des arbres dans des régions où ils n’avaient pas l’habitude de pousser. Et où les habitants n’avaient pas l’habitude de respirer leur pollen. Dans le Sud de la France, par exemple, l’allergie au cyprès ou au thuya a remplacé celle aux traditionnelles graminées. De même, l’évolution des modes de transports facilite, certes, les déplacements des populations, mais aussi ceux des pollens. C’est ainsi que dans la région lyonnaise, l’ambroisie se propage le long de l’autoroute.
Si l’on pense être en sécurité chez soi, c’est raté. Les polluants se cachent en effet dans les moindres recoins de la maison : décoration, meubles, produits ménagers, cosmétiques… Comble de tout, les habitats modernes sont souvent trop calfeutrés et peu aérés. Les habitants y accueillent aussi des compagnons d’un genre nouveau dont les poils ne sont pas toujours bien tolérés. Les rats, les gerbilles, les chinchillas et les fennecs vivent désormais fréquemment sous le même toit que les hommes. Outre-Atlantique, le furet arrive ainsi au troisième rang des animaux domestiques, derrière le chat et le chien, relève le Pr Wallaert.
Dans l’assiette, le risque allergique est également devenu monnaie courante avec l’apparition dans les frigos de plats industriels ou d’aliments nouveaux, tels les fruits exotiques ou le beurre de cacahuète.
À en croire les spécialistes, même les activités de loisirs représentent un danger. Le bricolage et le jardinage multiplient ainsi les risques d’exposition aux polluants. Quant aux sportifs, ils sont régulièrement confrontés aux allergènes présents dans le caoutchouc, les colles et les résines. Des cas « exceptionnels » d’allergie au nickel des boules de pétanque ont même été recensés. Que l’on se rassure, la littérature scientifique ne mentionne pas, en tout cas pour l’instant, d’éventuels effets aggravants en cas d’association avec le pastis qui accompagne généralement ces parties si chères à Pagnol.
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques