LES PARENTS ne devraient pas s’en plaindre, il en va aussi de la tranquillité de leurs soirées. Pour prévenir l’obésité de leurs rejetons, c’est « au lit à 21 heures ! ». D’après un panel d’enfants américains, le manque de sommeil la nuit en période d’âge préscolaire serait en effet associé à un risque plus élevé de surpoids par la suite. Ce sont les observations que Janice Bell de l’université de Washington et Frederick Zimmerman de l’université de Californie ont tirées d’une étude longitudinale nationale américaine sur la période 1997 à 2002, la Panel Survey of Income Dynamics (PSID) et, plus précisément, son volet concernant le développement de l’enfant.
Moins de 10 heures par nuit.
Le panel sélectionné pour l’étude comportait 1930 enfants au total, 822 âgés de moins de 5 ans et 1108 de 5 à 13 ans. Il est à noter que la sieste n’a aucun effet sur l’apparition d’une surcharge pondérale. Rien ne sert ainsi de vouloir pallier les couchers tardifs par un petit somme l’après-midi, en tout cas pour ce qui est de la prise de poids. Chose curieuse, alors que la dette de sommeil a été mise en cause dans l’obésité des adolescents, l’étude n’a pas retrouvé le phénomène dans la tranche d’âge intermédiaire, c’est-à-dire chez les enfants âgés de 5 à 13?ans. Il n’en reste pas moins que la période d’âge préscolaire semble particulièrement cruciale pour l’apparition d’une obésité future.
Au cours du suivi, 33 % des enfants de la cohorte la plus jeune et 36 % de ceux de la plus âgée étaient en surpoids, voire obèses. Les moins de 5 ans dormaient en moyenne 10 heures par nuit et faisaient la sieste pendant une heure chaque jour. Quant aux plus grands, le temps de sommeil moyen était de 9,7 heures par nuit à l’inclusion, de 9,2 heures au cours du suivi et de seulement 12 minutes de sieste. Chez les plus jeunes, un temps de sommeil raccourci était significativement associé au développement d’un surpoids voire, d’une obésité au cours du suivi.
La leptine et la ghréline.
On connaît très peu de chose sur les mécanismes par lesquels le sommeil influe sur la balance énergétique. Peut-être que le manque de sommeil est associé à une baisse d’activité physique et à une augmentation des apports caloriques. Peut-être également qu’il perturbe les mécanismes hypothalamiques régulant le poids et le métabolisme, via des hormones clefs, comme la leptine et la ghréline. Les sensations de faim et d’appétit augmentent avec les variations de ces hormones, quand la leptine est abaissée et la ghréline augmentée. Ce qui a, par ailleurs, été décrit comme étant associé à une diminution du temps de sommeil chez l’adulte.
Dormir la journée n’a pas d’effet sur le poids, quel que soit l’âge. La sieste n’est donc pas un substitut aux bonnes nuits de sommeil. Ces deux temps de repos auraient des fonctions physiologiques distinctes. Tandis que la sieste permettrait de réduire le stress psychosocial de la journée, de concentrer son attention et d’améliorer les capacités d’apprentissage, le sommeil de nuit mettrait en jeu tout un fonctionnement complexe biologique et psychosocial de récupération. Rien ne vaut un bon sommeil récupérateur, pour le poids aussi. Le sommeil est un facteur de risque modifiable, peut-être plus facilement que les comportements alimentaires. Ce serait dommage de s’en passer... Charge aux pédiatres, médecins généralistes et professionnels de la petite enfance de sensibiliser les parents au fait que tout ne se joue pas dans l’assiette...
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques