L'Académie nationale de médecine a récemment pointé du doigt la baisse du nombre de pédiatres libéraux en France, recommandant l'ouverture de l'enseignement de la pédiatrie aux médecins généralistes : « Avec un pédiatre libéral pour 5 300 enfants, la France a l'une des plus faibles couvertures d'Europe (densité de 1/2094). »
Certaines zones sont carrément dépourvues de pédiatres libéraux et le suivi des enfants revient en grande partie aux médecins généralistes, malgré une charge de travail déjà considérable. Du fait de sa proximité et de ses compétences, le pharmacien représente lui aussi un maillon essentiel dans la prise en charge pédiatrique.
Bon usage du médicament
Qu'il s'agisse de la délivrance d'un traitement médicamenteux ou de conseils pour la vie quotidienne, l'équipe officinale est régulièrement sollicitée par les parents pour leurs enfants. Le phénomène n'est pas nouveau mais il est marqué aujourd'hui par des besoins de santé de plus en plus diversifiés dans la population pédiatrique. Des conseils alimentaires pour les nourrissons aux solutions contre l'acné chez l'adolescent, chaque tranche d'âge entre 0 et 18 ans présente ses particularités et nécessite une bonne connaissance des recommandations en vigueur.
Le bon usage des médicaments dans le cadre d'une affection aiguë ou d'une maladie chronique reste une mission essentielle du pharmacien, d'autant plus que les enfants sont particulièrement exposés au risque iatrogénique et de surdosage. « Les enfants présentent des spécificités physiologiques et métaboliques qui influencent les paramètres pharmacocinétiques des médicaments. Il est important de les connaître pour sécuriser la prescription ou la délivrance dans cette population », explique Anne Boyer, MCU-PH et responsable du DU de pharmacie clinique pédiatrique à l'université d'Auvergne.
Une formation ciblée sur les enfants
La pharmacie pédiatrique propose un enseignement ciblé sur les pathologies, la prise en charge thérapeutique et la iatrogénie chez les enfants et les adolescents. « En complément des cours théoriques, la formation comprend une étude de cas cliniques interactive. L'objectif est d'amener les participants à réfléchir sur leur pratique professionnelle », ajoute Anne Boyer. Ce DU, comme celui proposé à l'université Descartes (Paris V), est ouvert aux pharmaciens d'officine.
Anne-Cécile de la Rochette, adjointe à Saint-Flour (Cantal), a choisi de suivre cette formation : « Au cours des études de pharmacie, il n'y a pas ou peu d'enseignement propre à la pédiatrie, alors que nous sommes souvent en contact avec cette population. Au comptoir, nous manquons également de données concernant l'utilisation des médicaments chez les enfants. »
Lors de la délivrance, le pharmacien se heurte en effet à un manque d'informations sur l'innocuité ou l'efficacité d'un médicament en pédiatrie. Le développement d'une majorité de médicaments reste basé sur une évaluation chez l'adulte. « Ce DU nous donne les clés pour analyser les prescriptions médicales à destination des enfants, à partir de sources plus complètes que les logiciels d'aide à la délivrance ou les bases de données médicamenteuses », conclut Anne-Cécile de la Rochette au terme de sa formation.
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