« Avec 8 081 nouveaux cas de cancers du sein attribuables à l’alcool, le cancer du sein est le plus fréquent des cancers attribuables à l’alcool », note l’INCa dans sa synthèse sur la réduction de la consommation d’alcool pour la prévention des cancers.
Même si l’alcool comme facteur de risque du cancer du sein (parmi d’autres) est connu, l’importance du chiffre a étonné. « Ce chiffre était une surprise pour moi », indique au « Quotidien » le Pr Roman Rouzier, gynécologue cancérologue, et directeur du pôle sénologie à l’Institut Curie. On sait que l’alcool augmente le risque de croissance tumorale, mais je suis un peu sceptique sur le chiffre et une étude de confirmation me semble nécessaire, car cela me semble discordant avec ce que j’observe au quotidien. »
Les chiffres de l’INCa sont basés sur une étude parue en 2017 dans « Addiction », et portant sur l’estimation du nombre de nouveaux cas de cancers, en France, en 2015, attribuables à la consommation d’alcool. Dans cette étude, la consommation d’alcool était estimée en coordonnant les données du Baromètre santé 2005 avec des données de l’OMS pour la France (données GISAH). Les chiffres des cancers venaient des registres nationaux (FRANCIM) et le risque relatif d’une méta-analyse.
De l’œsophage au sein
Les auteurs estimaient à partir de ces données que le nombre de cas de cancers attribuables à l’alcool s’élevait à 27 894 (soit 7,9 % des 351 987 cancers en France en 2015). Plusieurs localisations de cancer étaient attribuables à l’alcool, dans l’ordre : l’œsophage, la cavité buccale et le pharynx, le foie, le larynx, le cancer colorectal et le sein (sachant que pour les femmes, la moyenne de consommation d’alcool était évaluée à 12,3 g/jour, soit 1,2 verre standard par jour).
Chez les hommes, le nombre de nouveaux cas de cancers attribuables à l’alcool se partageait en un trio de tête relativement homogène : d’abord, la cavité buccale et le pharynx (parmi ces cancers chez l’homme, 4 873 nouveaux cas étaient attribuables à l’alcool sur les 16 224 toutes localisations attribuables à l’alcool) ; le cancer colorectal (4 584 cas), puis le foie (4 037 cas).
Chez la femme en revanche, le sein se détachait nettement, avec 8 104 nouveaux cas attribuables à l’alcool (sur les 11 669 nouveaux cas attribuables à l’alcool pour toutes les localisations) ; contre 2 080 nouveaux cas de cancer colorectal chez la femme attribuables à l’alcool. « Un élément à prendre en compte est que le cancer du sein est très fréquent, donc un effet à la marge alimente le risque de base et entraîne des conséquences importantes », décrypte le Pr Rouzier.Cette étude change-t-elle quelque chose dans les pratiques des cancérologues et dans la prévention ? « Nos conseils sont déjà orientés en ce sens, et il est compliqué de mettre la barre de consommation trop bas », tempère le Pr Rouzier. « On ne peut pas bannir totalement l’alcool chez nos patientes ayant déjà eu un cancer du sein, le risque de récidive étant surtout lié à la nature de la tumeur. »
Les mécanismes en jeu
Comme l’indique l’INCa, il existe plusieurs mécanismes expliquant le surrisque de cancers associé à a consommation d’alcool : « Certains mécanismes sont communs à plusieurs localisations de cancers. Le plus important d’entre eux est la production de métabolites génotoxiques à partir de l’éthanol », mais « d’autres mécanismes semblent plus spécifiques de certaines localisations, par exemple : la consommation d’alcool augmenterait les taux d’hormones stéroïdes circulantes (œstrogènes, androgènes) et agirait sur les récepteurs hormonaux, mécanisme impliqué dans le cas du cancer du sein ».
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques