SANS POUR autant la rendre obligatoire, Roselyne Bachelot souhaite que tous les Français puissent accéder à la vaccination contre la grippe A(H1N1). Car si le nouveau virus peut tuer, pour la ministre de la Santé, les bénéfices du vaccin sont supérieurs aux risques. Pourtant, certains remettent déjà en doute l’innocuité du vaccin à venir, rappelant notamment l’épisode américain de 1976. À cette époque, une épidémie, également due à un virus A(H1N1), s’abat sur les États-Unis. Les autorités décident alors d’engager une vaccination de masse : 45 millions de citoyens américains reçoivent une dose. Mais un grand nombre d’entre eux déclenche alors une maladie neurologique de Guillain-Barré conduisant le gouvernement à arrêter la campagne de vaccination. « Aujourd’hui, nous n’avons pas les mêmes vaccins qu’en 1976 et les procédés de fabrication pour contrôler ce risque sont plus au point qu’à l’époque », relativise Carmen Kreft-Jaïs, chef du département de pharmacovigilance à l’AFSSAPS*.
Néanmoins, fait pour sa part remarquer la directrice générale de l’OMS, Margaret Chan, les essais cliniques pour les vaccins pandémiques portent sur un nombre limité de personnes. Du coup, les effets secondaires extrêmement rares ont peu de chance d’être révélés lors les tests. Et de rappeler que, justement, la maladie de Guillain-Barré survient à la fréquence d’un cas pour un million de personnes vaccinées.
L’adjuvant dans le collimateur.
De leur côté, les experts du réseau Infovac relèvent que des vaccins similaires développés contre la grippe aviaire et contenant les mêmes adjuvants, provoquent plus souvent des réactions inflammatoires aiguës que les vaccins traditionnels contre la grippe saisonnière.
Plus alarmiste, le syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI) affirme que l’adjuvant employé pour préparer les doses de vaccins anti virus A(H1N1) n’a jamais été utilisé auparavant dans un vaccin diffusé à large échelle et qu’il est, par ailleurs, susceptible de déclencher des réactions immunitaires excessives. « Injecter 94 millions de doses d’un produit sur lequel nous n’avons aucun recul peut poser un problème de santé publique », estime le syndicat.
« Ces adjuvants ont déjà été utilisés en clinique puisqu’un des vaccins saisonniers en contient, rétorque le Haut Conseil de la santé publique (HCSP). Ce vaccin, réservé aux personnes âgées de plus de 65 ans a été utilisé (plus de 27 millions de sujets vaccinés dans le monde) et n’a pas entraîné d’effets adverses ». « Un adjuvant du même type est contenu dans un des vaccins contre le papillomavirus, poursuit le HCSP. Peu utilisé en France, ce vaccin est utilisé en Grande Bretagne sans qu’il existe à ce jour de signal de pharmacovigilance ».
Pour les experts du HCSP, il n’y a donc actuellement aucun signal permettant de craindre la survenue d’effets secondaires graves, suite à l’utilisation de vaccins grippaux adjuvés. Mais, remarquent-ils, « l’expérience reste limitée et notamment il n’existe pas de données suffisantes concernant leur utilisation chez des sujets dont le système immunitaire est immature (jeunes enfants) ou modifié (femmes enceintes, immunodéprimés) ». Afin de réduire les risques chez ces personnes, les spécialistes préconisent donc d’utiliser un vaccin dépourvu d’adjuvant.
Quoi qu’il en soit, le gouvernement n’entend pas démarrer la campagne de vaccination avant que les vaccins n’aient reçu l’approbation des autorités compétentes. « Nous recevons les vaccins de différents laboratoires, mais la question qui est posée est évidemment celle des autorisations de mise sur le marché, rappelle Roselyne Bachelot. Il n’est pas question de commencer à vacciner sans que les procédures de sécurité soient complètement terminées. » Tout devrait être prêt pour la fin octobre.
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