MÉCONNUES du grand public, les kératoses actiniques sont des lésions cutanées croûteuses (rosées, rouges ou brunes, squameuses et indurées) dues à un excès d’expositions solaires répétées. Situées sur les zones photo-exposées (visage, décolleté, mains, avant bras, crâne, face antérieures des jambes, pieds), elles peuvent donner lieu, dans certains cas, à des cancers cutanés. « Si le risque de transformation de ces lésions en cancer est plutôt faible (incidence de 0,025 à 16 %), on sait, en revanche, que plus de 80 % des carcinomes épidermoïdes sur les zones photo-exposées se développent à partir d’une kératose solaire », affirme le Pr Nicole Basset-Seguin, dermatologue-cancérologue à l’hôpital Saint-Louis, à Paris. Autrement dit, toutes les kératoses solaires n’évoluent pas en cancer mais un très grand nombre de cancers (carcinomes épidermoïdes) se développent à la suite d’une kératose solaire. De même, plus les lésions sont importantes et multiples, plus les risques de cancers sont importants.
Les lésions caractéristiques de la kératose actinique ne sont pas toujours faciles à identifier. Car elles sont souvent plus palpables (aspect rugueux) que visibles. Elles doivent pourtant être distinguées des signes classiques de vieillesse. « Faire la différence entre une verrue séborrhéique – lésion banale et sans danger de vieillesse – et une kératose solaire, n’est pas toujours chose aisée. Cela relève du domaine du dermatologue, d’où la nécessité de le consulter en cas de doute. Le diagnostic est, avant tout, clinique. Nous nous aidons rarement de la biopsie », précise le Pr Basset-Seguin. Des techniques – telles que la dermatoscopie – peuvent compléter l’examen clinique. Car certaines lésions peuvent exister sans être visibles à l’œil nu.
Des traitements individualisés.
Un certain nombre de paramètres déterminent le choix du traitement des lésions de kératose solaire : nombre de lésions, aspect, localisation, type de peau (les kératoses sont plus fréquentes sur les peaux claires) et attentes du patient. « Il est possible de guérir les lésions mais pas de prévenir de façon formelle l’apparition de nouvelles lésions. La majorité des traitements donnent de 60 à 80 % de succès (évaluation à 3 mois). (...) Le plus utilisé est l’azote liquide. Il existe également différents traitements locaux, sous la forme topique. Le 5FU et l’imiquimod sont très efficaces mais nécessitent plusieurs semaines d’application et l’inflammation (irritation) qu’ils induisent peuvent gêner les patients. Mais un nouveau traitement topique – le mébutate d’ingénol – qui s’applique une fois par jour pendant deux à trois jours consécutifs devrait prochainement être mis à disposition des patients. La photothérapie, un autre traitement de la kératose est également intéressant : des résultats peuvent être obtenus en une à deux séances seulement, mais il peut s’avérer douloureux », explique le Pr Basset-Seguin.
Certains signes évoquent clairement la progression d’une kératose actinique en carcinome épidermoïde : inflammation des lésions, diamètre supérieur à 1 cm, rapide croissance, saignement, érythème et ulcération. Diagnostiqués et traités précocement, les carcinomes épidermoïdes peuvent souvent être guéris et entraînent des risques minimes. La surveillance régulière des lésions de kératose par le dermatologue est donc essentielle pour déceler les éventuels passages aux stades cancéreux.
** Bernard P et al Basal cell carcinomas and actinic ketatoses seen in dermatological practice in France : a cross-sectional Survey – Dermatology 2008-216 : 194-199.
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