ÉPIDÉMIOLOGIE
La pédiculose est une maladie endémique dans les collectivités d'enfants, pouvant parfois évoluer sur un mode épidémique. La classe d'âge la plus touchée est celle des enfants de 6 à 8 ans. On estime que 20 % des enfants d’une classe d’âge seront contaminés. Sa fréquence est en augmentation depuis 1970, et fait particulier, on observe des résistances au traitement. Cette ectoparasitose ne serait qu’un désagrément si elle ne présentait pas de risque de transmission de maladies, sous forme d’agents bactériens induisant des maladies systémiques, ou bien sous forme de complications locales, bactériennes ou non.
MODALITÉS DE TRANSMISSION
Le facteur de risque de transmission est lié à la cohabitation d'un grand nombre de personnes dans un espace restreint. On se contamine par contact direct, cheveux à cheveux, ou par l’intermédiaire d’échanges de coiffes, de chapeaux, de bonnets, de cagoules, de charlottes, de casques… Cependant il faut retenir que P. Capitis ne peut pas survivre plus de 5 heures à un jour et demi en dehors du cuir chevelu.
Décrite dans l’art pictural et littéraire comme une maladie se développant quasiment exclusivement chez les personnes défavorisées, on sait aujourd’hui que ce n’est plus le cas, et qu’il n'y a pas de lien direct avec l'origine socio-économique des familles.
LE PARASITE
Parasite hématophage, son cycle parasitaire comprend une phase d’incubation de trois à quatre semaines. La femelle pond 4 à 10 œufs par jour pendant 3 à 4 semaines, soit 100 à 300 œufs par mois, ces œufs sont les lentes que l’on observe adhérentes à la racine des cheveux, presque au contact du cuir chevelu. On reconnaît les lentes à leur forme oblongue, à leur taille d’environ 1 mm, à leur couleur brune et leur reflet brillant. Une larve va naître, appelée nymphe qui devient adulte 10 jours à 3 semaines plus tard. Après l'éclosion, la coque vide de l'œuf reste fixée plusieurs mois sur le cheveu ; elle prend une couleur blanchâtre et s'éloigne progressivement de la racine au fur et à mesure de la pousse du cheveu. Ce sont habituellement ces lentes qui sont reconnues par les familles. Cependant elles peuvent tromper un œil non exercé puisque les lentes vides ressemblent à des pellicules. Mais leur forte adhésivité les maintient en place malgré le lavage des cheveux et le brossage, contrairement aux pellicules, plus volatiles.
Les poux de tête mesurent 2 à 3 mm de long. Ils sont solidement amarrés aux cheveux grâce à leurs six pinces, à chaque extrémité des pattes. Les poux ne sont pas des insectes volants. De même ils ne sautent pas. La longévité d’un pou sur le cuir chevelu est de trente jours à deux mois. L’observation a démontré que les matières grasses, huiles et silicones, obturent les voies respiratoires du pou et l’asphyxient. Les poux se nourrissent du sang prélevé sur le cuir chevelu, à la racine des cheveux, d’où la possibilité de voir un piqueté purpurique. Le taux de colonisation d’un cuir chevelu n’excède pas cinq à dix parasites adultes qui vont donner naissance à une vingtaine de lentes chaque jour.
RISQUES ET COMPLICATIONS
Contrairement au pou de corps, le pou de tête ne transmet pas d'agents pathogènes bactériens responsables de graves maladies systémiques.
DIAGNOSTIC CLINIQUE
Le maître mot est le prurit. Si bien que l’adage « tout prurit persistant du cuir chevelu sans lésion visible est dû à une pédiculose » est absolument à connaître de la part des professionnels de santé. Et donc il faudra effectuer un traitement d’épreuve, avant d’envisager d’autres hypothèses. Si le prurit isolé, du cuir chevelu, en dehors de tout autre symptôme local ou à distance est quasiment pathognomonique de la pédiculose, on peut être porteur de poux sans démangeaisons. En effet, le prurit est absent dans 40 à 50 % des cas.
La pédiculose se manifeste donc par un prurit presque une fois sur deux, notamment derrière les oreilles, ou au niveau de la nuque, et puis des excoriations pas obligatoires. Il arrive que le grattage induise une infection streptococcique, sous forme d’un impétigo. Et à ce titre, la recherche de petits ganglions occipitaux postérieurs viendra conforter une infection latente ou patente liée au portage des parasites. Ainsi des lésions de grattage à la base du cou en arrière, au niveau du haut du dos, sont un signe relativement caractéristique d’une pédiculose. On décrit ces petites excoriations sous le terme d’eczéma en pèlerine.
Le diagnostic est confirmé par la mise en évidence de poux et ou de lentes vivantes. L'utilisation d'un peigne fin (peigne à poux) aide au dépistage des poux alors que le simple examen visuel suffit à la mise en évidence des lentes.
TRAITEMENTS
Il y a deux formes du même parasite qu’il faut éliminer, car l’une (l’œuf ou la lente) donnera naissance à des parasites adultes, qui pondront à leur tour, et l’autre, le parasite adulte, qui donnera naissance à d’autres lentes, puis nymphes, et le cycle sera incessant. Ainsi un produit efficace doit être à la fois pédiculicide et lenticide. Ces produits sont exclusivement vendus en pharmacie contrairement aux répulsifs qui n'ont pas de place dans la stratégie thérapeutique.
Le traitement repose sur l’utilisation de l’une ou l’autre classe pharmacologique, sur leur association synergique, ou sur l’emploi de dérivés chimiques à action physique.
Les trois classes pharmacologiques :
1. Le malathion : Prioderm a fait l'objet, en 2018, de restrictions d'utilisation (passage en liste 1), à la suite desquelles sa commercialisation a été arrêtée,
2. Les dérivés des pyrèthres ou pyréthrinoïdes de synthèse :
Altopou, Item, Nix, Para Spécial Poux, Pyreflor, Spray Pax…
3. le lindane : Élénol qui sera préférentiellement indiqué en cas de résistance aux deux autres produits.
Les associations de principes actifs : Aux molécules citées précédemment qui peuvent être utilisées deux à deux, peuvent être ajoutées d’autres principes actifs pour leur action synergique, ainsi le butoxyde de pipéronyle augmente l'activité des dérivés des pyrèthres ou pyréthrinoïdes de synthèse. PARA PLUS, Nous ne saurions que recommander de ne pas utiliser les formes spray, qui sont susceptibles de déclencher des crises d’asthme sévères.
Il faut également rappeler que les poudres ou les shampoings sont moins efficaces, même s’ils sont constitués de la même molécule thérapeutique. Ainsi ce seront les formes galéniques sous forme de solution, lotions ou crèmes qui seront privilégiées. Nous mettons en garde contre les risques liés au caractère inflammable de certains produits. Donc à utiliser loin de toute source de feu, flamme, ou cigarettes.
Les produits à effets asphyxiant : À côté des molécules à action pharmacologique, il existe des complexes huileux siliconés en spray. Ils agissent uniquement par un mécanisme physique ; Ils n’induisent donc pas de résistance. C’est par asphyxie que le pou est tué, et ainsi il s’éliminera plus aisément en utilisant un peigne fin.
Ce type de traitement doit être renouvelé chaque semaine pendant 2 semaines, ce qui signifie trois applications. Car il faut en effet détruire le pou naissant avant qu’il n’ait pondu de lentes. Il faut pulvériser les produits sur la totalité du cuir chevelu et s’assurer qu’il imbibera chacun des cheveux.
LES VÊTEMENTS
Isoler les vêtements ou objets ayant été en contact au moins trois jours. Le pou ne pouvant vivre en dehors du corps plus de deux jours, il ne survivra pas à cet isolement. Sinon laver les vêtements en machine à 60 °C ou bien avec des cycles longs. Il est inutile de traiter la literie.
http://www.sante.gouv.fr/htm/dossiers/poux/rapport.htm,
LE POU DE CORPS
Quant au pou de corps, pediculus humanus (ou hominis) var corporis, le parasite est le même que celui qui contamine le cuir chevelu. Ce seront donc les poils qui seront la cible des pinces si puissantes du pou. Les signes cliniques seront ceux d’un prurit chronique avec leucomélanodermies par plages.
Du fait de la surface atteinte, de la plus forte colonisation, et en raison des excoriations plus intenses, et touchant des populations défavorisées, et dans certains pays, la pédiculose corporelle peut être à l’origine de certaines maladies telles que la fièvre récurrente cosmopolite (Borrelia recurrentis), le typhus épidémique dû à Rickettsia prowasekii ou la fièvre des tranchées (Bartonella quintana).
CONCLUSION
La pédiculose du cuir chevelu est l’ectoparasitose le plus fréquente, qui ne doit pas être sous-estimée, en raison des risques de contamination de populations vivant en collectivités et notamment dans les écoles. Puisque l’action parasiticide de l’ivermectine a été établie pour d’autres ectoparasitoses comme la gale, ce traitement peut être envisagé par voie orale dans certaines circonstances. Il existe des formes d’ivermectine topique à 0,8 %.
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