Le Quotidien du pharmacien. Après un pic des ventes des traitements d’aide au sevrage tabagique en 2012, ce marché peine à revenir à un niveau équivalent, même s’il affiche une belle progression depuis 2014. Comment l’expliquez-vous ?
Pr Bertrand Dautzenberg. Les substituts nicotiniques ont été fortement affectés par l’arrivée de la cigarette électronique qui, bien que non considérée comme un médicament d’aide au sevrage tabagique, a été plébiscitée par les fumeurs souhaitant arrêter ou réduire leur consommation. Les patchs ont été les plus touchés, les gommes un peu moins. Les ventes remontent depuis que les médecins s’intéressent aux patients qui choisissent la cigarette électronique, ils les accompagnent et peuvent prescrire des substituts nicotiniques pour compléter leurs besoins de prise en charge. À cela s’ajoute l’effet Champix, d’abord réhabilité officiellement en 2016, et remboursé à 65 % depuis trois mois et demi. Tombé au plus bas de ses ventes en France en 2016, il bénéficie désormais d’une image positive auprès du grand public, et le facteur prix est un élément essentiel.
Lors de vos consultations, avez-vous noté une augmentation des demandes en faveur de Champix ? Ou bien des demandes d’associations de produits ?
La politique mise en place selon les pays est un révélateur. En Roumanie, le Champix est gratuit alors que les substituts nicotiniques ne sont pas remboursés, il y est donc très largement utilisé dans le sevrage tabagique. En France, c’était le contraire jusqu’à il y a peu puisque les substituts nicotiniques bénéficiaient d’un remboursement partiel. En Italie, tous les produits du sevrage au tabac sont chers, donc les patients utilisent l’e-cigarette… Je présente toujours les différents traitements possibles à mes patients et quand j’aborde le remboursement de la varénicline à 65 %, ils n’hésitent pas. Quant aux associations de traitements, le grand classique est de prescrire une nicotine transcutanée et une nicotine orale. Cette dernière peut aussi bien être une gomme, une pastille, un inhaleur, un spray ou une cigarette électronique, je laisse les patients trouver ce qui leur convient le mieux. Souvent, ils choisissent une gomme ou une pastille pour pouvoir les utiliser au bureau, ils vapotent quand ils se retrouvent entourés de fumeurs, ils vapotent en vacances à la plage parce que le patch n’est pas l’idéal, etc. Quand des gens fument encore après dix ou quinze jours sous Champix, on peut envisager de remplacer ces dernières cigarettes par la cigarette électronique.
L’e-cigarette n’est toujours pas considérée comme un médicament d’aide au sevrage tabagique, alors comment faites-vous ?
Je ne la prescris pas, je la conseille, bien que je note que le patient peut utiliser la forme orale de nicotine qui lui convient le mieux sur son ordonnance, y compris l'e-cig. Tout professionnel de santé qui accompagne un fumeur vers l’arrêt du tabac doit comprendre que cela doit passer par le plaisir. Si ce n’est pas bon, l’adhésion est plus difficile. Cela vaut autant pour les gommes que pour l’e-cigarette. Je pense qu’un jour nous aurons une e-cigarette avec le statut de médicament. Le problème vient du délai pour obtenir une autorisation de mise sur le marché. En deux ans, une e-cigarette devient totalement obsolète.
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