Les centres d’addictovigilance ont remarqué une augmentation de la consommation de prégabaline (Lyrica et génériques) dans un contexte d’abus ou de dépendance en 2018, selon l’enquête Oppidum publiée le 13 septembre. En effet, 106 notifications d’abus ou dépendance avec cet antiépileptique ont été adressées aux centres en 2018, alors qu’il n’y en avait que 26 en 2017.
L’enquête souligne que la moitié des personnes ayant utilisé la prégabaline pour mésusage l’ont obtenue illégalement. Le bilan rappelle également les effets indésirables problématiques de cette molécule, qui possède un effet dépresseur respiratoire, et surtout qui peut provoquer une levée de la tolérance aux effets dépresseurs respiratoires des opioïdes. Comme certains patients usagers de drogues utilisent la prégabaline avec des opioïdes pour en potentialiser les effets, ils s’exposent donc à un risque de dépression respiratoire.
D’ailleurs, en juin dernier, des overdoses en lien avec l’usage de prégabaline associée à de l’héroïne ont été signalées en région parisienne. De telles overdoses associant Lyrica et opioïdes sont également rapportées depuis quelques années au Royaume-Uni.
En France, l’abus de prégabaline ne date pas d’hier. Les premiers cas ont été rapportés en 2011. Depuis, l’addictovigilance a mis en évidence deux types de signaux. Le premier est un détournement des prescriptions avec des falsifications d’ordonnances et des cas de nomadisme médical et/ou pharmaceutique. Le second est une augmentation de l’utilisation de la prégabaline au sein de populations à risque (sujets traités par des médicaments de substitution aux opiacés ou présentant des antécédents d’abus), pouvant évoluer vers une consommation à finalité non thérapeutique liée à une obtention illégale.
Substitution opiacée
En ce qui concerne les médicaments de substitution aux opiacés, l’étude Oppidum indique que 67 % des patients sous MSO prennent de la méthadone, 27 % de la buprénorphine, 4 % de la buprénorphine/naloxone et 1,5 % un autre médicament. La méthadone, qui est le produit le plus utilisé, est également le plus problématique. Il reste le premier produit engendrant des décès en 2017 (incidence 8 fois plus élevée qu’avec la buprénorphine). « Son maniement reste complexe en raison de ses spécificités pharmacologiques : agoniste opiacé puissant et complet, demi-vie variable et longue, risque d’accumulation dans les graisses avec un relargage pouvant entraîner un surdosage à distance des premières prises, nombreuses interactions médicamenteuses, allongement du QT… »
Enfin le bilan Oppidum note une augmentation de la consommation de médicaments opioïdes (morphine, codéine, tramadol, oxycodone), avec 4,7 % de personnes en consommant.
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Françoise Amouroux
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