« APRÈS DEUX ANS ET DEMI de fonctionnement nous avons encore besoin de volontaires, lance le Pr Serge Hercberg, coordinateur et en charge de l’étude NutriNet Santé, cependant les données collectées à ce jour nous permettent de connaître de façon précise les comportements alimentaires de la population française et leur adéquation aux recommandations du Programme National Nutrition Santé (PNNS). »
Près de 206 000 internautes se sont déjà inscrits dans cette étude épidémiologique qui s’est fixé comme objectif de recruter 500 000 Nutrinautes, suivis à cinq ans, pour comprendre les liens entre nutrition et santé et les déterminants des comportements alimentaires de la société. « Cette recherche citoyenne va permettre de constituer une gigantesque base de données pour identifier le rôle de certains nutriments ou aliments, non encore connus ou reconnus, comme pouvant moduler le risque de maladies ou étant associés à la mortalité, rappelle le Pr Hercberg. Cette étude faite sur la population vivant en France, sera aussi une des plus grandes bases de données épidémiologiques dans le monde pour améliorer la santé de tous et celle des générations futures. »
Depuis le 24 février 2011, les Nutrinautes qui le souhaitent peuvent réaliser un bilan clinique et biologique dans des centres de prélèvement NutriNet. Les échantillons recueillis (plasma, sérum, urines, ADN…) et les résultats de l’examen clinique compléteront ainsi les données fournies par internet. Les recommandations du PNNS sont au nombre de neuf et fournissent, pour huit groupes d’aliments et l’activité physique, des repères quantitatifs de consommation, par exemple : nombre de prises, trois produits laitiers par jour… Certaines ont plusieurs composantes et c’est en fait treize recommandations qui sont ainsi définies. Un système de points (score) a été alloué en fonction du niveau d’atteinte de chacune d’elles. Au final, le score d’adéquation aux recommandations peut atteindre une valeur maximale de 15 points, sachant que des pénalités (points négatifs) sont allouées en cas de consommations très élevées (sel, sucre calories).
Les résultats des analyses réalisées sur près de 150 000 enquêtes alimentaires montrent un meilleur score médian d’adéquation chez les femmes que chez les hommes (9,3 vs 8,8) ; il est également plus élevé chez les sujets les plus âgés (52 % pour les plus de 65 ans) par rapport aux plus jeunes (16 % chez les 18-25 ans). À noter que c’est chez les fumeurs que l’on retrouve le plus souvent une faible adéquation, et on constate que le score médian est plus élevé chez les sujets de corpulence normale par rapport aux sujets présentant une obésité. De manière globale, les recommandations les plus suivies sont celles concernant les boissons alcoolisées (88 %) les matières grasses ajoutées (84 %), les types de matières grasses (74 %), les sucres ajoutés (71 %) et l’activité physique (77 %) ; les moins bien suivies concernent les céréales complètes (16 %) et les produits laitiers (29 %). Il existe une variation de l’adéquation en fonction de la catégorie socioprofessionnelle : le score médian le plus bas est observé chez les ouvriers (8,6) et le plus élevé chez les cadres (9,5) ; les variations en fonction des niveaux d’étude sont très faibles, en revanche, elles sont plus marquées selon le niveau de revenus : 42 % chez les sujets des plus hauts revenus et 22 % pour ceux dont les revenus sont les plus faibles. Les personnes qui ont une bonne connaissance des repères de consommation du PNNS (féculents, fruits et légumes, poisson…) ont tendance à avoir un comportement alimentaire en forte adéquation aux recommandations, et celles qui ont des scores très élevés ont un meilleur équilibre nutritionnel et un meilleur apport en vitamines et minéraux, particulièrement en vitamines C, B9, bêtacarotène, calcium, fer.
« Pour avoir des conditions de puissance statistique suffisante, il faut un grand nombre de participants à la cohorte, c’est pour cela que les chercheurs lancent un nouvel appel à la bonne volonté des citoyens pour participer à ce vaste programme de recherche publique », insiste le Pr Hercberg. Le recrutement est toujours ouvert et le restera pendant les deux ans et demi à venir. Rendez-vous sur le site www.etude-nutrinet-sante.fr.
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