EST-IL besoin de le rappeler, le but de l’anesthésie est la suppression des sensations par le blocage des voies de la douleur, associée ou non à une altération de la conscience et de la vigilance. Elle est utilisée pour permettre une procédure diagnostique ou thérapeutique.
On en distingue trois catégories :
L’anesthésie locale qui agit sur les voies de la douleur à l’endroit même où se déroule le processus douloureux ;
L’anesthésie locorégionale qui vise à inhiber la conduction du message sensitif et éventuellement moteur intéressant un territoire anatomique particulier. La conduction nerveuse peut être aussi interrompue au niveau de la moelle épinière : anesthésie péridurale ou rachianesthésie ;
L’anesthésie générale qui abolit la conscience et la vigilance en même temps qu’elle agit sur la douleur au niveau de son intégration médullaire et de son contrôle cortical.
Ces techniques peuvent être utilisées isolément ou en association : anesthésie combinée.
1• Les objectifs de l’anesthésie
On en distingue quatre selon le niveau où se situe l’altération de la transmission du message douloureux.
C’est ainsi que l’action peut se localiser au niveau des récepteurs périphériques (anesthésie locale, anesthésie topique utilisée largement en ophtalmologie), d’un bloc nerveux tronculaire ou plexique obtenu par injection – parfois échoguidée - d’un anesthésique local autour de certaines structures nerveuses, d’un blocage de l’intégration médullaire des messages douloureux (anesthésie péridurale ou rachidienne), ou encore en inhibant la composante centrale de la douleur (anesthésie générale).
2• Les produits utilisés
Pour l’anesthésie locale/topique, on utilise essentiellement la lidocaïne, la prilocaïne et la tétracaïne.
L’anesthésie épidurale ou rachidienne met à profit l’injection d’anesthésiques locaux, seuls ou en association à des dérivés morphiniques (morphine, sufentanil…).
Enfin, les molécules utilisées dans l’anesthésie générale sont nombreuses. Les produits les plus employés sont représentés par les opiacés (sufentanil, fentanyl, rémifentanil, alfentanil), et, en association, la kétamine ou les alphamimétiques centraux (clonidine). L’état de sommeil anesthésique est obtenu par des hypnotiques inhalés (protoxyde d’azote, xénon, sévoflurane, desflurane, isoflurane) ou injectables (benzodiazépines, propofol, étomidate, Gamma-OH…). La myorelaxation utilise les curares.
3• Consultation et visite pré-anesthésiques
La consultation préanesthésique est une étape essentielle, au cours de laquelle sera déterminée la meilleure solution anesthésique pour chaque patient, notamment en fonction du type de chirurgie et de ses antécédents (allergie, hémorragie, événements thrombotiques…).
Sauf situation d’urgence, elle est obligatoire et doit avoir lieu au moins 48 heures avant toute anesthésie générale ou locorégionale ; à l’exception donc des anesthésies locales.
Ce délai peut être mis à profit pour réaliser des examens complémentaires (bilan d’hémostase – la réalisation d’un groupage sanguin et la recherche d’agglutinines irrégulières ne sont pas systématiques si l’intervention prévue n’est pas potentiellement hémorragique - électrocardiogramme, explorations fonctionnelles respiratoires…) ou pour assurer une préparation en vue de l’intervention (modification des traitements habituels, stabilisation d’une pathologie chronique…). L’examen médical évalue à cette occasion les grandes fonctions, notamment respiratoire et cardiaque. Des scores ont été développés afin de synthétiser les niveaux de risque, comme le score ASA (American Society of Anesthesiologists).
Est-il nécessaire de souligner qu’il est essentiel que le patient communique à l’anesthésiste l’exhaustivité des traitements médicamenteux en cours ? De ce point de vue, le Dossier Pharmaceutique peut se révéler extrêmement utile.
La visite préanesthésique, quant à elle, est effectuée quelques heures avant l’intervention, généralement la veille au soir. Elle permet de s’assurer de l’absence de modification de l’état de santé du patient depuis la consultation, ainsi que de prendre connaissance du résultat des examens complémentaires prescrits à la consultation.
Les règles du jeûne préopératoire sont précisées au patient : généralement de 6 heures pour l’alimentation solide et de 2 heures pour les liquides clairs (eau, thé, café).
4• Des risques très maîtrisés
La survenue d’accidents anesthésiques a connu une régression spectaculaire ces 30 dernières années, alors même qu’augmentaient dans le même temps l’âge et la fréquence des comorbidités des opérés. C’est ainsi qu’entre le début des années quatre-vingt et la fin des années quatre-vingt-dix, le taux de mortalité imputable à l’anesthésie a été divisé par un facteur 10.
Contrairement à ce que certains pensent encore, il n’existe pas de contre-indication spécifique à réaliser une anesthésie générale. C’est la balance entre les risques anesthésiques encourus et le bénéfice de l’intervention qui dicte la décision de réaliser ou non cette anesthésie.
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