AVEC ENVIRON 65 000 bébés nés avant 37 semaines d’aménorrhée, la France déplore une hausse de la prématurité de 15 % en 15 ans. Elle s’explique en partie par la prise en charge précoce de la grande prématurité – dès 24 semaines d’aménorrhée –, mais pas seulement. Le Collectif Prématurité, porté par sa présidente, Charlotte Bouvard (SOS Préma), se mobilise avec une plateforme de propositions.
La prévention de la prématurité ne relève pas toujours de la médecine. Ainsi, les grossesses tardives en augmentent le risque. Mais les principales causes restent identifiées : antécédents obstétricaux avec prématurité ou décès fœtal, conditions de travail pénibles, diabète gestationnel, hypertension, retard de croissance intra-utérin, tabagisme, alcoolisme, précarité, entre autres.
Chiffre implacable, « la prématurité s’avère deux fois plus élevée dans les Dom-Tom », précise le Pr Elie Saliba, président de la Société française de néonatologie. Pour le député socialiste du Morbihan, Gaëtan Rouillard, « il existe une fracture territoriale, sanitaire et sociale ». Toutes les femmes enceintes doivent avoir accès à une information claire et sereine sur la prématurité afin qu’elles puissent éventuellement s’y préparer. Difficile, quand une Française sur cinq seulement bénéficie de l’entretien prénatal précoce du quatrième mois, destiné à cette transmission.
Le Pr Elie Saliba déplore, par ailleurs, l’absence d’aménagements pour préserver l’intimité des femmes dans les services de néonatologie. « Quand on dispose d’une salle de 15 m2 avec 4 incubateurs, impossible de répondre au désir d’allaiter des mamans ! » Au-delà de la qualité des soins, le confort du nouveau-né et la place de la famille sont prioritaires. Le Collectif Prématurité prône l’offre de chambres individuelles, la proximité systématique entre services de réanimation néonatale et parents, une salle dédiée aux « pauses repas ».
Au soutien humain, s’ajoute le soutien financier. L’allocation journalière de présence parentale, destinée notamment aux personnes assumant la charge d’enfants gravement malades, ne s’applique pas encore sur tout le territoire pour les parents de prématurés. Et la prime de naissance n’est octroyée qu’à partir de 28 semaines d’aménorrhée, alors que certains enfants sont sauvés à 24 semaines d’aménorrhée.
Une meilleure coordination.
Trente pour cent des enfants prématurés ne naissent pas dans une unité de soin adaptée, et subissent une perte de chance. Le but n’est pas d’augmenter le nombre de maternités de niveau 3, destinées aux grossesses à haut risque, mais de mieux orienter les futures mamans. Comme le souligne le Dr Camille Le Ray, obstétricien à l’hôpital Cochin, « les maternités de niveau 3 accueillent beaucoup de grossesses à bas risque ». Autre possibilité, renforcer les équipes médicales, former le personnel soignant des maternités de type 1 et 2 pour affronter un accouchement prématuré inopiné, et développer les postes d’assistants partagés entre celles-ci et les maternités de niveau 3. Une meilleure coordination des soins passe aussi par l’harmonisation des réseaux de périnatalité, avec une revalorisation de leur financement.
Enfin, insiste le Dr Jean-François Magny, chef de service de médecine néonatale à l’hôpital Necker-Enfants malades, « l’accompagnement des enfants prématurés ne doit pas souffrir d’un manque de moyens ». Pour assurer un suivi de proximité des enfants prématurés, plus fragiles, il faut former des médecins libéraux et des paramédicaux. Et s’appuyer sur une collaboration entre les pédiatres hospitaliers, les centres d’action médico-sociale précoce, les PMI et les libéraux.
Même si l’étude Epipage permet d’établir un suivi statistique des enfants prématurés, les dispositifs de ce type restent insuffisants. L’urgence est à la généralisation d’outils de recueils de données et à la formation spécifique sur la prématurité de pédiatres et médecins libéraux. Le collectif demande également la création d’une ligne téléphonique dédiée à la centralisation et à la coordination des appels liés à la prématurité. Enfin, la recherche est cruciale pour appréhender les facteurs de risque des naissances prématurées et les prévenir. De même, la compréhension des origines des séquelles neurologiques a besoin de chercheurs pour développer des stratégies neuroprotectrices. Le 17 novembre prochain, la Journée mondiale de la prématurité offrira l’occasion de recueillir des fonds pour ces recherches.
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