LA CONSTIPATION touche une personne sur cinq. Les femmes seraient concernées trois fois plus que les hommes. En cause, les facteurs hormonaux, et plus précisément la progestérone, engendrant une certaine paresse intestinale. Autre cible privilégiée, toute personne, homme ou femme, à partir de 65 ans, mais aussi les enfants, plus particulièrement autour de 4 ans, ainsi que tous ceux qui font preuve d’une activité physique réduite (personnes alitées ou immobilisées, personnes âgées). La constipation se traduit par un retard ou une difficulté à évacuer les selles - moins de 3 fois par semaine - de façon occasionnelle ou chronique (si le phénomène se produit depuis plusieurs mois). Généralement bénigne, elle disparaît en quelques jours avec le concours de quelques réflexes simples à mettre en œuvre : adoption d’un régime alimentaire riche en fibre, absorption d’eau en quantité suffisante, exercice physique régulier, respect du besoin d’aller à la selle. Dans le cas contraire, de nombreux traitements thérapeutiques se destinent à favoriser l’évacuation des selles. Majoritairement composés de formes orales, certains s’administrant par voie rectale (microlavements et suppositoires), ils présentent quatre modes d’action principaux. Les laxatifs osmotiques attirent l’eau dans l’intestin et augmentent le volume des selles ; les laxatifs stimulants favorisent les sécrétions et la motricité de l’intestin ; les laxatifs lubrifiants, appelés aussi émollients, agissent en ramollissant les selles et en facilitant leur progression dans l’intestin ; les laxatifs de lest qui contiennent des substances ne pouvant être digérées ou absorbées, s’imbibent d’eau et rendent les selles plus volumineuses et moins fermes.
« Ce sont les formes orales qui dominent largement le rayon », précise Jerry Pichot, directeur des opérations ventes et marketing chez Aptalis Axcan Pharma. Un marché qui, pour le seul volet des produits non remboursés, dépassait les 15 millions d’unités vendues en 2010, affichant une tranquille stabilité. « À cela, il faut ajouter les médicaments remboursés, qui sont délivrés sur prescription, mais aussi largement vendus librement, sur conseil ou demande spontanée, comme Transulose. » Soit, environ 46 millions d’unités vendues supplémentaires pour un marché total qui représente plus de 60 millions d’unités.
Deux modes d’action principaux.
Dans ce contexte, ce sont deux modes d’action laxative qui emportent l’essentiel du marché OTC des traitements de la constipation. Les laxatifs osmotiques et les laxatifs stimulants qui occupent respectivement près de 40 % du segment des médicaments non remboursés.
Leader du rayon, Microlax, du groupe Johnson&Johnson, appartient à la catégorie des laxatifs osmotiques, mais s’administre par voie rectale. La spécialité Microlax, en boîte de 4 récipients, suite à une demande faite auprès de l’AFSSAPS, sera inscrite sur la liste des médicaments de médication officinale disponible en accès direct. Une démarche qui répond au besoin de faciliter l’accessibilité du public aux traitements de la constipation, le sujet restant tabou pour de nombreuses personnes. Autre acteur sur le segment des formules osmotiques, Sorbitol Delalande (sanofi aventis) se présente, quant à lui, sous la forme d’une poudre pour solution buvable.
Les laxatifs stimulants comptent également quelques pointures du marché. Dulcolax (Boehringer Ingelheim) se décline en comprimés et suppositoires pour adultes, alors que Contalax (Oméga Pharma) adopte la seule forme de comprimés. Le médicament vient de renouveler son packaging et propose désormais un étui agrandi et un logo qui gagne en visibilité pour une image globale qui a été souhaitée plus impactante. Pursennide coexiste avec Péristaltine, deux références en comprimés, sous la bannière de Novartis Santé Familiale, une forme que l’on retrouve chez Modane (Cooper) et Dragées Fuca (Hépatoum). La voie orale des traitements stimulants abrite aussi des tisanes comme Médiflor n° 7 Constipation passagère (Merck Médication Familiale).
Troisième segment par ordre d’importance, les laxatifs émollients réunissent un grand nombre de références se présentant souvent sous la forme de gelée ou de solution orale : Lansoÿl (Johnson&Johnson), Lubentyl (sanofi aventis), Parlax (Serp)… Ces formules sont en général composées de paraffine - substance qui constitue un traitement à part entière (Huile de paraffine Cooper, Gifrer, Gilbert) - mais peuvent aussi associer deux modes d’action comme le fait Parapsyllium (Iprad) qui agit par lubrification et par lest. La glycérine est bien sûr un autre des principes actifs à action lubrifiante qui est à l’œuvre dans les suppositoires du même nom (Monot, Gifrer, Évolupharm…).
Contourner le tabou.
Les extraits de plantes qui entrent souvent dans la composition des spécialités OTC luttant contre la constipation s’expriment pleinement dans la catégorie des laxatifs de lest. Celle-ci se compose de médicaments formulés sur la base d’une substance naturelle (psyllium, ispaghul…) mais aussi de références issues de la phytothérapie. C’est le cas du nouveau complément alimentaire de la gamme Elusanes Fluides, Elusanes Transit, estampillé Naturactive (Pierre-Fabre). Présenté sous forme de sticks à diluer, il propose une association d’extraits végétaux (acacia, pruneaux, tamarin) « permettant de réguler le transit intestinal en douceur ». Arkopharma est également prolixe en solutions de lutte contre la constipation. « C’est un sujet tabou par excellence, très délicat à aborder avec la clientèle », explique Vivian Quandalle, responsable du pôle phytothérapie du laboratoire. Paradoxalement, la constipation est aussi une thématique récurrente de l’officine. « Le problème se présente fréquemment puisque l’on compte au moins un cas toutes les 48 heures au comptoir. » Dédramatiser l’affection va donc être essentiel pour apporter des réponses aux patients. « Face à la clientèle, il faut employer les mots qui vont contourner le tabou, comme paresse intestinale ou problème de transit plutôt que constipation. Après, il faut présenter les solutions. »
Chez Arkopharma, celles-ci sont multiples : le séné est à l’œuvre dans la gamme des Arkogélules pour son effet laxatif stimulant ; l’ispaghul, en cas de constipation chronique, rééduque l’intestin sous l’action des mucilages qui, en se gorgeant d’eau, lestent le bol fécal (Arkogélules Mucivital). Quant à la gamme Arkotransit, elle présente différentes associations (rhubarbe, pruneaux, son de blé, ferments lactiques, tamarin…) en comprimés et en ampoules, une forme galénique qui convient notamment aux enfants. « L’efficacité des traitements est un des éléments clefs de ce marché », conclut Vivian Quandalle, qui insiste sur le rôle primordial que va jouer le conseil du pharmacien dans cette thématique. « Le prix bas est aussi un incontournable dans ce qui se révèle comme un marché de volume plus que de valeur. Cette politique est mise en place et cultivée par des laboratoires qui jouent sur le double tableau OTC/prescription en mettant en vente deux statuts de médicaments dont l’un bénéficie d’une marge assurée. Reste aux autres acteurs à s’aligner sur les prix… »
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