Mise en service le 28 novembre dernier à l’initiative de l’association Soins aux professionnels de santé (SPS), la plateforme de soutien tire un premier bilan, témoin du besoin d’écoute et de soutien de nombreux professionnels de santé en souffrance. 550 d’entre eux, libéraux ou salariés, ont déjà composé le 0 805 23 23 36, numéro vert gratuit qui les met en contact avec un psychologue.
Parmi eux principalement des professionnels de grandes métropoles (Paris et département du Rhône) mais aussi d’autres, plus isolés, du Finistère par exemple. Si les infirmiers et les médecins sont à l’origine de la majorité de ces appels, les pharmaciens constituent la quatrième profession en demande d’aide.
Mais alors que pour les autres libéraux (médecins, infirmiers et dentistes), l’épuisement professionnel est invoqué comme principal motif de l’appel à l’aide, chez les pharmaciens, les difficultés financières arrivent en tête.
Un souci majeur corroboré par les témoignages de ces appelants telle cette pharmacienne de la Nièvre, en liquidation judiciaire. Elle confie au psychologue son désespoir d’avoir travaillé toute sa vie « pour pas grand-chose ». Didier*, dans le Tarn, connaît lui aussi une situation similaire. Titulaire depuis 30 ans, il s’est fait exproprier sa pharmacie, ce qu’il vit difficilement, même s’il a retrouvé, depuis, un emploi salarié.
La solitude, facteur aggravant
Ou encore Corinne*. Elle se bat depuis vingt ans pour conserver sa pharmacie située dans un petit village bourguignon dont la population vieillissante est aux prises avec la crise agricole. En rupture de paiement après huit ans d’épurement de son passif, elle ne sait comment elle tiendra jusqu’à sa retraite, dans dix ans.
Ses confrères et consœurs ne peuvent pas tous compter, comme Corinne, sur le soutien de leur conjoint. La solitude associée aux problèmes financiers pousse également des pharmaciens à chercher sur la plateforme SPS le soutien d’un psychologue. Comme cette titulaire du Calvados qui cumule les déboires sentimentaux et s’estime de moins en moins rémunérée pour son travail. À l’issue de son échange avec l'interlocuteur de la plateforme SPS, elle est décidée à se faire suivre par un psychologue. Parfois, le simple fait de pouvoir échanger avec un interlocuteur de la plateforme, soulage ces pharmaciens isolés. C’est le cas de Frédéric*, titulaire depuis quinze ans, divorcé. Il travaille seul, a l’impression « de tourner en rond » et ayant déjà fait un burn-out, il craint la rechute.
Pour ces pharmaciens en souffrance psychologique, comme pour l’ensemble de la profession, le 0 805 23 23 36 a répondu présent. Reste désormais à pérenniser cette initiative par le financement participatif. Des dons et des legs, ainsi que des offres d'investissement, peuvent être adressés à www.asso-sps.fr afin que, ayant fait la preuve de son utilité, la plateforme SPS ne décroche pas.
* Les prénoms ont été changés.
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques