« LES ORGANISATIONS À CARACTÈRE SECTAIRE profitent toujours des crises, qu’elles soient économiques, climatiques ou pandémiques, comme d’un terreau favorable à leurs stratégies d’influence, constate Georges Fenech, le président de la MIVILUDES. L’épidémie de grippe A(H1N1)v ne fait pas exception. » À défaut d’avoir identifié des liens précis entre les réseaux antivaccinaux et certains mouvements, la mission interministérielle a repéré « des convergences flagrantes, signale son président, entre les diffuseurs de la théorie du complot, le lobby prosecte et les minorités dites de conviction thérapeutique. Ces thématiques se retrouvent dans les messages de Coordination des associations de particuliers (CAP) pour la liberté de conscience. Elles ne circulent pas que sur la Toile, mais font aussi l’objet de brochures très luxueuses, où est régulièrement dénoncée la campagne de vaccination, qui serait diligentée par le gouvernement pour le profit principal des laboratoires pharmaceutiques. Toutes les critiques sont instrumentées par les organisations sectaires qui pratiquent l’opposition systématique avec l’objectif d’introduire le doute dans l’esprit du public et de saper la confiance dans le système médical. »
De 2 000 à 3 000 professionnels de santé.
Le groupe d’appui technique mis en place en février dernier au ministère de la Santé pour recenser les pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique sont vigilants. En France, entre 2 000 et 3 000 professionnels de santé, selon les estimations de la Mission, sont suspects de dérives sectaires. Les médecins et, à travers eux, leur patientèle, constituent une cible particulièrement privilégiée.
« La création de ce groupe, souligne Georges Fenech, constitue pour nous un motif de satisfaction, car nous sommes passés de l’ère de l’incantation à celle de l’action. » « Le ministère de la Santé semble très en pointe sur le sujet, ajoute le président de la MIVILUDES, puisque, au travers d’une disposition la loi HPST, nous avons enfin obtenu l’encadrement du titre de psychothérapeute. » Le dernier rapport de la mission interministérielle sur les sectes avait en effet recensé pas moins de 4 100 psychothérapeutes autoproclamés qui exerçaient en France en empruntant 300 méthodes et pratiques dans le milieu des sectes.
L’action de lutte contre les dérives sectaires devrait maintenant se déployer au sein de l’Europe. C’est le sens de la proposition faite par le secrétaire d’État à la justice, Jean-Marie Bockel, qui propose la création d’un observatoire européen. « Il s’agit, explique-t-il, de créer un espace juridique européen doté d’un cadre législatif qui vise les activités illégales des organisations à caractère sectaire, l’élaboration d’un code européen de règles déontologiques applicable à toute association à but non lucratif et enfin l’institution d’un organe permanent d’harmonisation des jurisprudences des états membres. » Si, selon M. Fenech, on évalue en France à 500 000 le nombre des personnes victimes de phénomène d’emprise morale et de coupure avec leur environnement d’origine, de manière directe ou indirecte, l’ampleur du phénomène au sein de l’UE reste à apprécier. L’ouverture de ce vaste chantier pourrait être supervisée par l’Agence européenne des droits fondamentaux, basée en Autriche, qui mène la lutte contre les phénomènes racistes et xénophobes.
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