« Nous pensons que les thérapies basées sur le microbiote seront intégrées dans la pratique clinique au cours de la décennie à venir. Cela s’observe déjà dans plusieurs domaines, explique le Dr Niv Zmora, du Weizmann Institute of Science, en Israël, interrogé par le "Quotidien". Toutes ces approches thérapeutiques nous enthousiasment. Notre attention se porte principalement sur 4 axes de recherche. »
1. Le traitement du cancer
Deux études pionnières en 2015 (Vetizou et al., Sivan et al., Science) ont dévoilé que l’immunothérapie anticancéreuse est grandement influencée par le microbiote, et les mécanismes immunitaires ont été élucidés (Matson et al., Science, 2018). D’autres études ont suggéré que la composition du microbiote chez les patients peut servir de marqueur pronostique pour la réponse à l’immunothérapie anticancéreuse (Routy et al., Gopalakrishnan et al., Science, 2018). De plus, des études chez la souris (Kostic et al., Cell Host Microbe, 2013 and Bullman et al., Science, 2017) ont montré que la présence de certains types de bactéries du microbiote peut favoriser la croissance du cancer colorectal, et un traitement antibiotique peut contrer cet effet.
2. Le métabolisme
L’une des découvertes révolutionnaires concerne le développement de l’athérosclérose lié au microbiote intestinal. Celui-ci métabolise la L-carnitine (un nutriment de la viande rouge) en une molécule pro-athérogène, le TMAO ou triméthylamine-N-oxyde (Koeth et al., Nat Med, 2013). À présent, les scientifiques poursuivent le développement d’un inhibiteur ciblant une enzyme du microbiome intestinal afin de réduire les taux de TMAO et abaisser ainsi le risque de maladie cardiovasculaire (Roberts et al., Nat Med, 2018).
3. La transplantation de microbiote fécal
La transplantation de selles de personnes saines chez des patients malades en vue de les guérir était déjà pratiquée au IVe siècle en Chine, dans le traitement de la diarrhée. À ce jour, ce traitement n’a qu’une seule indication approuvée par la FDA : les colites à Clostridium difficile résistantes à l’antibiothérapie. Il a été montré que le transfert fécal semble efficace dans d’autres affections, comme le syndrome métabolique (Vrieze et al., Gastroenterology, 2012) et la rectocolite hémorragique (Costello et al., JAMA, 2019), même si les mécanismes précis en restent encore inconnus.
4. La phagothérapie
Ce mois-ci, une équipe de l’Université de Californie à San Diego a reçu l’autorisation de la FDA pour évaluer dans un essai de phase1/2 une phagothérapie intraveineuse (AB-SAO1) chez des patients ayant un dispositif d’assistance ventriculaire infecté par un Staphylococcus aureus résistant. De plus, de récents travaux ont exploré les altérations (diversité et composition) du microbiote intestinal de souris suite aux traitements par phage lytique (changements bénéfiques) ou tempéré (non bénéfiques) (Bao et al., Appl Microbiol Biotechnol, 2018) et étudié les mécanismes d’interaction entre l’hôte et leurs phages (Slipe et al., Cell 2019), ouvrant la voie à l’élucidation des interactions hôte-microbiote-phage.
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