ELLE A 30 ans, elle décide de prendre des suppléments « santé » : pollen d’abeilles, oméga 3, 6 et 9, vitamine D3. Rien ne va plus. Dix minutes après la deuxième prise de ses suppléments, ses paupières, ses lèvres et sa gorge se mettent à gonfler, elle a des difficultés à avaler ; une urticaire apparaît ; sa respiration devient courte ; elle se sent étourdie et faible, au bord de l’évanouissement. Elle est traitée en urgence : épinéphrine, diphenhydramine, remplissage. Les suppléments sont arrêtés. L’enquête commence.
La patiente se sait atteinte d’une rhinoconjonctivite allergique saisonnière, notamment pendant les mois d’été. À part cela, pas d’autres antécédents notables. Elle ne fume pas, ne prend pas de médicaments de façon régulière, n’a pas d’allergie alimentaire, pas d’allergie aux médicaments, au latex, aux venins d’insecte. Il n’y a pas d’atopie dans sa famille. L’examen clinique est normal.
Un test cutané montre une forte positivité au pollen d’abeilles et à la phléole des prés (une graminée). Les tests concernant les deux autres suppléments ainsi que le bouleau, l’ambroisie et des aliments sont négatifs.
On conseille à la patiente d’éviter le pollen d’abeilles et d’autres produits contenant des herbes ou des pollens. On lui prescrit un auto-injecteur d’épinéphrine.
Le pollen d’abeilles se compose de granules de pollens collectés par les abeilles. Il est vendu pour tout un tas de vertus supposées, allant de la longévité à la perte de poids.
L’anaphylaxie au pollen d’abeilles a déjà été rapportée dans la littérature. Les premières descriptions ont été faites en 1979 par Cohen et coll. qui rapportaient les observations de 3 patients présentant des réactions allergiques systémiques après ingestion de pollen d’abeilles. Les trois étaient allergiques à l’ambroisie, membre de la famille de Compositae. L’analyse de deux produits consommés par ces patients avait montré la présence de pissenlit, autre membre de cette famille.
La famille des Compositae est très grande et inclut des plantes comme le pissenlit, la gerbe d’or, l’armoise, l’ambroisie et le tournesol.
En dehors de l’armoise et de l’ambroisie qui disséminent dans l’air, la plupart des Compositae pollinisent via les insectes (plantes entomophiles) et ne provoquent pas d’allergies
Depuis la description de Cohen et coll. en 1979, d’autres cas de réaction allergique au pollen d’abeilles ont été rapportés. Entre 2002 et 2007, on a colligé en Italie 18 cas associés à la propolis, dont 6 nécessitant l’envoi à l’hôpital et 2 menaçant le pronostic vital.
Dans l’observation présentée ici, l’anaphylaxie est survenue chez une personne allergique connue. Mais d’autres scénarios ont été décrits : un cas d’anaphylaxie menaçant la vie en l’absence d’antécédent d’allergie ; un cas chez un sujet ayant reçu une immunothérapie avec pollens et antigène de poussière pour une rhinite allergique.
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques