L’agence Santé publique France a enrichi son site mangerbouger.fr de nouveaux outils pour inciter des Français peu actifs et sédentaires à augmenter leur activité physique.
Une nouvelle rubrique « faire des exercices » propose 41 postures d’endurance, de renforcement musculaire, de souplesse et d’équilibre ; sont aussi proposés un test de niveau d’activité physique, un catalogue d’activités recensant 87 activités, certaines adaptées à un mode de vie (domicile), à un handicap, à une grossesse, et un planificateur - un calendrier censé aider la personne à se motiver.
Loin d’être des gadgets, dans la galaxie des applications santé et bien-être, ces outils ont été construits en s’appuyant sur la littérature scientifique et sur des modèles de changement du comportement. Ils « ne jouent pas sur la notion de performance ou de partage sur les réseaux sociaux qui peuvent intimider des femmes peu actives, que nous voulons toucher », explique Anne-Juliette Serry, responsable de l’unité Nutrition et activité physique chez SPF. Ils visent à faire naître l’envie de bouger chez ceux qui ne l’ont pas, et à conduire les velléitaires à passer à l’action. Parallèlement, Santé publique France mène des actions de plaidoyer à l’école, auprès des communes et des associations, pour rompre l’immobilisme des Français. L’agence a aussi signé une convention avec le collège national des généralistes enseignants (CNGE), pour étudier l’impact et la faisabilité d’une prescription d’activité physique par le médecin traitant en prévention primaire (différente du remboursement de l’activité physique prévu par la loi Santé pour les malades chroniques). Des expérimentations seront lancées en 2018.
Un constat alarmant
En dix ans, depuis l’étude nationale nutrition santé (ENNS) de 2006, l’inactivité physique a augmenté chez les femmes de 16 %. En 2015, seulement 53 % des femmes atteignent les recommandations de l’OMS (au moins 30 minutes quotidiennes d’activité modérée ou intense, 5 jours par semaine), contre 70 % chez les hommes, qui eux, sont les seuls à remplir les objectifs du programme national nutrition santé (PNNS 3 2011-2015).
En 2015, près de 90 % des adultes déclarent chaque jour plus de 3 heures d’activité sédentaire et en moyenne, 6h35, ce indépendamment du temps passé au travail. Des résultats en nette augmentation depuis 2006.
La sédentarité ne se confond pas avec l’inactivité ; elles sont deux facteurs de risques distincts (3h par jour serait responsable de 3,8 % de la mortalité toute cause, et la seconde serait à l’origine de 6 à 9 %), qui se cumulent chez 17 % des hommes et 22 % des femmes (soit une sur cinq).
La sédentarité est intimement liée au temps passé devant les écrans (ordinateur, téléphone, télévision, jeux vidéos), puisqu’en 2015, les adultes déclaraient passer 5h07 minutes devant un écran. Soit une augmentation de 53 % par rapport à 2006 (où la moyenne était de 3 h 10). Ce sont aujourd’hui 80 % des Français adultes qui passent au moins 3 heures devant des écrans (voire 5h30 pour les moins diplômés) alors qu’ils étaient 53 % il y a 10 ans. Les enfants passent une heure de plus devant les écrans qu’en 2006 (voire 2 heures chez les 15-17 ans). En moyenne, ils y sont scotchés 4h11 par jour, et jusqu’à 5 h 24 chez les 15-17 ans. Ces ados sont (toujours) les plus inactifs (66 % chez les filles, et 55 % chez les garçons). Seulement 15% des jeunes filles de 15 à 17 ans font une heure d’activité au quotidienne. Les plus jeunes (6-11 ans) sont - et c’est nouveau- gagné par cette langueur : depuis 2006 le pourcentage des 6-11 ans inactifs a été multiplié par 5 chez les garçons, et par 3 chez les filles - en lien avec la baisse de la pratique sportive en club, analyse SPF. En moyenne, seulement un sur quatre enfants de 6 à 17 ans sont dans les clous des recommandations de l’OMS : au moins une heure d’activité modérée ou intense par jour.
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Françoise Amouroux
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