LES RECOMMANDATIONS 2011, élaborées par le Comité des maladies liées aux voyages et des maladies d’importation (CMVI), ont l’ambition de prévenir les maladies ré-émergentes. Une tâche d’autant plus difficile que les « limites des mesures préventives (durée de protection vaccinale plus faible que prévue, résistances de micro-organismes aux médicaments, mauvaise observance des voyageurs) facilitent ces ré-émergences », indique le Pr Martin Danis, qui signe sa dernière participation en tant que président du CMVI au Haut Conseil de la santé publique. Il rappelle que « des épidémies de dengue sont survenues partout dans le monde tropical, en particulier dans les départements français d’Amérique. De nombreux voyageurs, certains encore en phase virémique, arrivant de ces pays dans le sud-est de la France métropolitaine où un moustique vecteur potentiel s’est implanté, présentaient un risque pour la population locale. De fait, deux cas autochtones de dengue (et deux cas de chikungunya) ont été identifiés en 2010 ».
Vaccination à jour.
Parmi les nouvelles mesures de cette année et face aux poussées épidémiques actuelles de la rougeole, « nous avons décidé de supprimer la carte des pays à risque de rougeole qui figurait dans nos recommandations depuis deux ans et mentionnait des dates d’éradication optimistes ! », souligne le parasitologue dans l’éditorial du BEH (nos 18-19). « Le voyage, n’importe où dans l’ancien monde, est donc l’occasion pour tous les sujets nés depuis 1980 de recevoir deux doses de vaccin et pour les enfants d’entreprendre une vaccination précoce. » La première étape du programme vaccination consiste, pour tout voyageur et quelle que soit sa destination, à se mettre à jour (le calendrier vaccinal est publié dans le BEH nos 10-11). Un rattrapage est recommandé quel que soit l’âge, en particulier contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite. Les vaccinations contre la grippe et le tétanos valent particulièrement pour les personnes âgées. Concernant la rougeole, la vaccination peut être pratiquée au-dessous de l’âge de 12 mois, avec une dose de vaccin rougeoleux monovalent entre 6 et 8 mois. Les enfants ayant reçu ce vaccin devront recevoir ultérieurement les deux doses de vaccin trivalent. Le programme de vaccination est ensuite détaillé en fonction de la situation épidémiologique de la zone visitée (encéphalite japonaise, encéphalite à tiques, fièvre jaune, hépatite A, infections invasives à méningocoques, tuberculose) et en fonction des conditions du séjour et des facteurs de risque individuels (choléra, fièvre typhoïde, grippe, hépatite B, rage). Les recommandations du CMVI ne pouvant toutefois pas prendre en compte l’évolution des risques liés à des maladies émergentes, deux sites sont régulièrement mis à jour par rapport à l’actualité des flambées épidémiques : celui de l’Institut national de veille sanitaire (invs.sante.fr) et celui de l’Organisation mondiale de la santé (who.int/ith).
Alors que la situation semblait stable depuis 2007, le paludisme d’importation en France métropolitaine repart à la hausse avec une estimation de 4 600 cas en 2010 (avec huit décès rapportés par le Centre national de référence). Ce sont les migrants originaires d’Afrique subsaharienne qui sont concernés par cette recrudescence (74 % des cas), « sans doute moins bien informés des mesures préventives
antivectorielles et chimioprophylactiques disponibles, toujours efficaces en 2010, mais onéreuses », note le Pr Danis. Toute fièvre au retour des tropiques, quels que soient les symptômes associés, doit être considérée a priori comme pouvant être d’origine palustre et nécessite une consultation en urgence, recommande le CMVI.
Liste de répulsifs corporels.
Pour la protection contre les piqûres de moustiques ou d’autres arthropodes, il est recommandé, lors de voyages vers des destinations tropicales, de porter des vêtements légers et couvrants, d’utiliser des vêtements imprégnés d’insecticides, de se protéger avec des répulsifs (à employer avec précaution, surtout chez les enfants et les femmes enceintes) et de dormir sous une moustiquaire imprégnée. En revanche, les bracelets anti-insectes et les appareils sonores à ultrasons sont à bannir, ainsi que la vitamine B1, l’homéopathie, les raquettes électriques, les rubans et autocollants gluants sans insecticide. Une liste de produits biocides répulsifs corporels « contenant des concentrations en substances actives jugées efficaces » est donnée (elle est extraite de l’inventaire de déclaration des produits biocides du ministère de l’Écologie). D’autres risques liés aux animaux sont évoqués avec une prévention de bon sens : éviter tout contact. S’agissant de la diarrhée, qui affecte fréquemment les voyageurs (son taux d’attaque pouvant dépasser 50 %) et qui est plus souvent liée à la consommation d’aliments solides que de boissons, une consultation médicale est recommandée chez l’enfant âgé de moins de 2 ans. Elle l’est également aux autres âges dans les formes moyennes ou sévères, fébriles ou avec selles glairo-sanglantes ou prolongées au-delà de 48 heures. Plusieurs risques sont par ailleurs évoqués, ceux liés à la baignade, à l’exposition à la chaleur, aux pratiques de tatouages ou autres tentations estivales.
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