LES CANCERS colorectaux, dans le cadre d’une MICI, touchent davantage les sujets jeunes et ils ont une croissance plus diffuse et multifocale. Ils sont précédés par des dysplasies, mais les lésions précurseurs sont plus étendues et moins délimitées, difficiles à reconnaître d’un point de vue macroscopique et histologique. Ces CCR sont d’autant plus difficiles à identifier que les signes cliniques habituels (saignements et douleur abdominale) sont souvent confondus avec ceux de la maladie inflammatoire chronique. « Le risque de CCR dans les MICI augmente avec de multiples facteurs, tels que l’ancienneté et l’étendue de la colite, l’existence d’une atteinte biliaire (cholangite sclérosante), l’âge auquel est posé le diagnostic, ou un antécédent familial de cancer colique, précise le Pr Yoram Bouhnik, (Hôpital Beaujon à Paris). Mais ce risque est majoré d’un facteur supérieur à cinq par le degré et la sévérité de l’inflammation chronique, plutôt que par d’autres mécanismes propres à la rectocolique hémorragique (RCH) ou la maladie de Crohn (MC). » En effet, même si les mécanismes ne sont pas encore parfaitement élucidés, la présence à long terme d’une inflammation au niveau intestinal est clairement associée au développement de cancers gastro-intestinaux et colorectaux. En dehors de la colectomie (ablation du côlon), thérapie radicale mais très invasive, les options thérapeutiques pour réduire le risque de CCR chez les patients atteints de RCH sont les coloscopies de surveillance et le suivi régulier par 5-ASA (acide 5-aminosalicylique).
Plus de la moitié des patients sont mal-observants.
La difficulté de la surveillance endoscopique est qu’elle se réalise sous anesthésie générale, que la préparation de coloration est fastidieuse, et qu’elle nécessite de multiples prélèvements avec un risque de perforation et d’hémorragie, et elle doit être renouvelée tous les deux ans. « De fait, plus de 50 % des patients n’adhèrent pas aux coloscopies de dépistage », constate le Pr Philippe Marteau (Hôpital Lariboisière à Paris). La chimioprophylaxie avec le 5-ASA, sous réserve d’une bonne observance du traitement au long cours, est associée à une réduction d’environ 50 % du risque de CCR chez les patients souffrant d’une RCH. En effet, le 5-ASA n’est pas seulement efficace sur les poussées et en prévention des formes récidivantes, « les formes orales de Pentasa ont obtenu auprès des autorités de santé une modification des propriétés pharmacodynamiques intégrant la réduction du risque de CCR », se félicite Florence Partouche, directeur général du laboratoire Ferring.
Ainsi, le traitement préventif par 5-ASA pourrait réduire le CCR chez les patients atteints de RCH et devrait être envisagé chez tous les patients atteints de RCH. « Mais là encore, il est recommandé de suivre ce traitement à vie, insiste le Pr Marteau ; or la mauvaise observance au long cours est de 50 %. Les professionnels de santé doivent se mobiliser afin de sensibiliser les patients à l’importance de l’observance, à la fois pour les examens de dépistage et les traitements, même quand les symptômes disparaissent. » La réduction du risque de CCR par 5-ASA, si elle est confirmée, mettrait en jeu à la fois des mécanismes liés aux propriétés anti-inflammatoires et aux propriétés antitumorales intrinsèques de la molécule.
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