L’ORGANISATION de la collecte des déchets d’activités de soins à risques infectieux (DASRI) n’est pas encore tranchée au niveau national. Mais elle s’est faite, de longue date, au plan local, devant la nécessité de réponses pratiques à ce problème sanitaire. À Marseille, par exemple, les acteurs du dossier sont mobilisés depuis une bonne dizaine d’années. « Nous ne voulions plus d’élimination avec les ordures ménagères. Des bouteilles en plastique étaient de véritables hérissons, avec un risque très important pour les éboueurs », explique Stéphane Pichon, président de l’Ordre régional des pharmaciens en Provence Alpes Côte d’Azur (PACA) et Corse. Lors de son intervention au Forum des pharmaciens de Nice, l’ordinal a retracé l’historique de cette collecte, qui devait autant concerner les patients diabétiques que les toxicomanes. En 1999, une réflexion est menée avec l’Association française des diabétiques (AFD), l’association Alma Mater et la ville de Marseille. Les officines sont intégrées au projet, car faciles d’accès et bien réparties sur le territoire. « Il a fallu faire du porte à porte dans chaque pharmacie du secteur pour expliquer le bien fondé de la démarche », se souvient Stéphane Pichon, qui salue l’appui local de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). En 2002, l’initiative marche vers le succès. Et gagne du terrain. L’opération s’étend à toutes les pharmacies de Marseille. Puis la région tout entière est mobilisée. « En 2003, en PACA, le taux de participation des pharmaciens est évalué entre 80 et 95 % », indique l’ordinal, estimant que sa région abrite 10 % de la population concernée par la collecte. L’adhésion officinale est importante. « Le stockage à l’officine s’est fait dans un carton recouvert d’un film polyane, pour assurer son étanchéité. Une société était chargée de l’apporter et elle devait le récupérer pour le conduire à l’incinérateur », détaille Stéphane Pichon. Près de 50 tonnes d’aiguilles ont ainsi été recueillies chaque année à Marseille.
Traçabilité.
Aujourd’hui, une opération pilote est en place, avec une vingtaine de pharmacies équipées d’une borne sécurisée, depuis l’été 2009. Avec ce matériel, proposé par la société Gap Hygiène Santé, le patient dispose d’un code d’accès à la borne. Un numéro anonyme lui est attribué, permettant la traçabilité du déchet, pour en retrouver l’émetteur en cas de besoin. Ce système est de plus en plus employé à Nice et dans sa région, témoigne Rémy Collomp, membre du réseau Phare. Dans le département des Alpes-Maritimes, une concertation entre professionnels de santé et collectivités est menée à l’automne 2006, pour faire face au dossier sensible de la récupération des DASRI. « Il y a eu proposition de démarche commune, indique Claire Bagnis, représentante du conseil général des Alpes-Maritimes. Des plaquettes de sensibilisation et d’information sont éditées, à destination des professionnels de santé et des patients. » Des laboratoires deviennent partenaire pour la fourniture et la distribution en pharmacie des récipients de collecte.
Dans chaque officine.
Dans le département de l’Aude, Philippe Besset, pharmacien d’officine et membre de la FSPF, explique le fonctionnement local du retrait des DASRI. « Il fallait des solutions compatibles avec la loi, logiques et sans trop de technologie », précise t-il. Particularité du dispositif : les cartons de récupération ne sont pas en permanence à l’officine. Il y a deux jours par trimestre pour rapporter les containers. « Quand on dispense un produit qui génère un déchet, on délivre un container avec la date de récupération. Ce système marche depuis trois ans, à la satisfaction générale », souligne le représentant syndical. Selon lui, « il faut être intransigeant et faire en sorte que le dispositif ne concerne que les objets perforants ». Quant à la traçabilité du déchet, elle est importante, mais pas d’une urgence absolue. « En tout cas, elle ne doit pas bloquer la mise en place du dispositif », affirme M.Besset, rappelant que la récupération devra pouvoir s’effectuer dans toutes les officines.
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