LES ÉTUDES épidémiologiques l’attestent de façon unanime : le fait d’être malade des reins s’ajoute aux autres facteurs bien connus du risque cardio-vasculaire : hypertension artérielle, vieillissement, tabagisme, obésité, manque d’exercice physique… Par rapport aux sujets sains du même âge, le risque de mortalité cardio-vasculaire est augmenté d’un facteur 15 à 30 chez le patient en insuffisance rénale traité par hémodialyse et d’un facteur 2 à 3 chez ceux atteints d’une maladie rénale avec insuffisance rénale modérée. Ainsi, un patient atteint d’une maladie rénale risque beaucoup plus de mourir d’un accident cardio-vasculaire que d’atteindre le stade ultime de l’insuffisance rénale.
Comment expliquer le rôle que joue la maladie rénale dans l’état cardiaque et vasculaire du patient ? Plusieurs théories avancent des réponses, chacune ayant une part de vérité. « L’atteinte des reins a notamment pour conséquence l’altération de leurs vaisseaux, et plus particulièrement des cellules endothéliales qui sont au contact du sang. Lorsqu’elles présentent des anomalies, ces cellules se mettent alors à synthétiser des substances nocives pour le cœur et les artères, tels que les dérivés réactifs de l’oxygène et l’ADMA (asymetric diméthylarginine), un analogue d’acide aminé empêchant la production du monoxyde d’azote (protecteur endogène des vaisseaux). Par ailleurs, les anomalies lipidiques et/ou endocrines du patient atteint d’une maladie rénale peuvent également avoir répercussions sur le cœur », indique le Dr Renato Monteiro, expert pour la néphrologie de l’Institut thématique circulation métabolisme nutrition (AVIESAN). En effet, lorsque la fonction endocrine des reins est déréglée, ceux-ci ne peuvent plus synthétiser les dérivés de la vitamine D. Ce défaut de métabolisme de la vitamine D chez l’insuffisant rénal – en altérant les concentrations de calcium et de phosphates dans le plasma – favorise alors les calcifications vasculaires en regard des plaques d’athérome et en aggrave les conséquences.
Dépistage et recherche.
Protéger ses reins, c’est donc préserver son cœur. Le généraliste et le cardiologue ne doivent pas oublier d’explorer la fonction rénale chez leurs patients via la recherche d’albumine dans les urines et le dosage de la créatinine plasmatique. La présence anormale de protéines dans les urines possède une vraie valeur pronostique vis-à-vis de l’évolution des maladies cardio-vasculaires. La microalbumine peut être utilisée comme un marqueur du risque cardiovasculaire.
« Nous souhaitons améliorer l’information du grand public, mais aussi des professionnels de santé sur les maladies rénales et leurs conséquences. Nous espérons que la journée mondiale du rein nous permettra d’œuvrer dans ce sens. Notre rôle est également de mobiliser des ressources financières et humaines afin d’encourager la recherche sur les maladies rénales et leurs traitements », affirme le Pr Michel Godin, président de la fondation du rein. Les avancées de la recherche sont essentielles. Les professionnels s’intéressant aux interactions entre maladies rénales et cardiaques espèrent notamment qu’à l’avenir, une meilleure compréhension des mécanismes du syndrome cardiorénal permettra de diminuer le risque cardio-vasculaire pour les patients souffrant de maladies rénales.
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