Synthol, colorations capillaires… présence d'un composé très préoccupant

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Publié le 07/04/2020

thyroide
Crédit photo : Phanie

Le résorcinol, notamment présent dans le Synthol, est un perturbateur endocrinien extrêmement préoccupant qui peut provoquer des hypothyroïdies, selon les conclusions de l’Agence nationale de sécurité sanitaire.

Le résorcinol est utilisé pour la fabrication de pneus et de colles, mais il est aussi employé comme antiseptique dans la composition de certains médicaments, notamment dans Synthol gel et Synthol solution pour application cutanée. Il est aussi utilisé dans des colorations pour cheveux ou, en tant qu’antioxydant, dans les produits alimentaires comme les crevettes. Or, selon une expertise de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES), il s’agit d’un perturbateur endocrinien qui impacte la fonction thyroïdienne chez l'Homme. C’est pourquoi l’ANSES demande que le résorcinol soit classé comme « substance extrêmement préoccupante » selon le règlement REACH, ce qui pourrait, à terme, entraîner un contrôle plus strict de son utilisation en Europe.

Les effets néfastes du résorcinol, par blocage de la synthèse des hormones thyroïdiennes, sont documentés de longe date. Dans la littérature, on rapporte dix cas de goitre et de symptômes cliniques compatibles avec une hypothyroïdie sévère chez des patients exposés au résorcinol (fatigue, un œdème généralisé, prise de poids, voix rauque, dépression, psychose…).

Dans ces 10 cas rapportés, le résorcinol avait été appliqué par voie cutanée sous forme de crème en traitement de varices, d’ulcères cutanés et, dans un cas, pour un prurit. Aucun cas n'a été rapporté après 1977, ce qui peut s’expliquer par la réduction importante de la concentration de résorcinol dans les traitements médicaux aujourd’hui. Dans tous les cas (excepté 2 cas où les patients sont décédés), la relation causale entre le résorcinol et l'hypothyroïdie a été prouvée par la régression des symptômes après l'arrêt du traitement. Enfin, dans l’ouest de la Colombie, on a observé une prévalence de goitre localement élevée chez des enfants, qui était liée à la présence de produits de dégradation de végétaux, dont le résorcinol, dans l’eau potable provenant d’un puits. Chez les animaux, les effets de ce composé sur la thyroïde ont été également observés après exposition par voie sous-cutanée, cutanée, par inhalation, ainsi que par voie orale (alimentation ou eau de boisson). Les effets induits par le résorcinol chez l’Homme et chez l’animal démontrent donc de façon complémentaire que la survenue d’effets dans d’autres conditions d’exposition plus courantes que celle d’une exposition médicamenteuse par voix cutanée et à des doses plus faibles ne peut être exclue.