L'acné est désormais considérée comme une affection auto-inflammatoire et non plus comme une maladie infectieuse. Jusqu'à ces dernières années, force est de constater que les antibiotiques par voie locale sont les traitements les plus prescrits par les généralistes, les pédiatres ou les dermatologues : 30 à 40 % des patients en 2012 selon une étude du Dr Brigitte Dreno (1), et c'est le seul traitement anti-acnéique qui est prescrit. Et pourtant, les experts s'accordent à dire que la résistance bactériologique de Propionibacterium acnes est une réalité épidémiologique mondiale et pluridisciplinaire, qui concerne surtout les macrolides.
L'antibiorésistance : une réalité à prendre en compte
Une récente étude américaine de 2015 (2), menée auprès de patients atteints d'acné sévère, a montré qu'un trop grand nombre d’entre eux prennent des antibiotiques inefficaces sur une durée trop longue, soulignant que cette surutilisation sans effet bénéfique s'ajoute aux dangers de la résistance aux antibiotiques. Si un traitement antibiotique peut être efficace – avec un passage courant à différents antibiotiques quand le précédent s'est avéré inefficace –, les chercheurs américains recommandent de limiter un tel traitement à 2 ou 3 mois chacun.
En France, la Société Française de Dermatologie (3) rappelle que l'utilisation des antibiotiques doit être limitée aux situations où ils sont nécessaires, en raison de l'augmentation des souches bactériennes résistantes. La Haute Autorité de Santé (HAS) alerte également sur les risques d'antibiorésistance, alors qu'il existe des traitements plus efficaces dans l'acné.
Enfin, dans une récente publication d'avril 2016 (4), le Dr Brigitte Dreno souligne que « la surutilisation des antibiotiques est actuellement considérée comme un problème majeur de santé publique ».
Les résultats des différentes études suggèrent :
- de ne plus utiliser les antibiotiques topiques en monothérapie dans le traitement de l'acné et de limiter leur utilisation dans les traitements de combinaison à un maximum de 4 semaines.
- de ne plus utiliser les antibiotiques oraux en monothérapie, mais combinés à un rétinoïde topique ou du peroxyde de benzoyle pour une durée maximum de 4 mois.
Dr Martine ANDRE
Sources :
(1) Dreno B. Acné et antibiorésistance : mythe ou réalité. Journées de Dermatologie Pratique 2014.
(2) Orlow S., Weinsberg S. (Département de Dermatologie NYU Langone Medical Center). L'utilisation d'antibiotiques par voie orale avant isotrétinoïne dans le traitement des patients souffrant d'acné. Journal of American Academy of Dermatology Oct30, 2015.
(4) Dreno B. Eur J. Dermatol. April 1, 2016; 26 (2):127-32.
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques