À l'occasion d'une révision de l’autorisation de mise sur le marché du Prioderm (malathion), l'Agence nationale du médicament et des produits de santé (ANSM) a décidé de restreindre l’utilisation de cette lotion antipoux, en rendant sa prescription médicale obligatoire et en renforçant les contre-indications et les précautions d’emploi. « Cette lotion contient du malathion et du terpinéol qui peuvent provoquer, à doses excessives, des troubles neurologiques : maux de tête, nausées, vomissements, voire, très rarement, des convulsions chez l’enfant », a ainsi justifié l’ANSM.
Suite à ces restrictions, le Laboratoire Mylan a décidé d'arrêter la commercialisation du Prioderm, qui ne sera donc plus disponible à écoulement des stocks.
Dans cette attente, des unités de Prioderm restent disponibles. Mais les pharmaciens ne pourront désormais les délivrer que sur ordonnance. De plus, les officinaux sont invités à préciser aux patients l’existence de nouvelles contre-indications et précautions d'emploi. « Prioderm est désormais contre-indiqué chez l’enfant de moins de 2 ans (en raison du risque de passage cutané plus élevé chez l’enfant par rapport à l’adulte dont la peau est plus épaisse), en cas d’allaitement et en cas d’antécédents de convulsions », indique l’ANSM. Les nouvelles précautions d’emploi précisent « de ne pas utiliser Prioderm pendant la grossesse ni chez la femme en âge de procréer n'utilisant pas de moyen de contraception » ; de « respecter strictement les doses et les précautions d’emploi chez l’enfant de plus de 2 ans » ; et « en raison du risque d’irritation, de brûlures, voire d’inflammation, Prioderm doit être manipulé avec précaution, dans un endroit aéré et éloigné de toute source de chaleur, et il est recommandé de ne pas utiliser de sèche-cheveux après son application ».
Diméticone d'abord
Alors aujourd’hui, comment traiter la pédiculose de tête ? Les produits à privilégier en première intention sont ceux dont l’action est physique, et non chimique. Notamment, les produits à base de diméticone, qui déshydratent et asphyxient les poux. On y ajoutera un traitement mécanique (peigne fin antipoux, qui peut être trempé dans du vinaigre tiède) et une décontamination des vêtements, bonnets, linge (lavage à 60 °C ou utilisation d'un insecticide spécifique).
Quant au marché des médicaments antipoux à base d’insecticide, il se limite aux produits à base de malathion (maintenant sur ordonnance) et de pyréthrines. Ces derniers sont vendus en automédication, notamment la phénothrine, qui est le principe actif de Item antipoux shampooing et Parasidose shampooing. Les pyréthrines sont des substances aux propriétés insecticides, dérivées des fleurs de pyrèthre de Dalmatie ou de certains chrysanthèmes, en particulier le chrysanthème de Perse. Elles sont efficaces et largement utilisées dans le traitement antipoux, mais on constate depuis une dizaine d'années l'émergence de poux résistants à ce type de substances.
Un cas très particulier
Enfin, dans les cas de résistance des poux aux traitements insecticides, ou d'incapacité à se débarrasser des poux malgré un traitement bien conduit, le recours à l'ivermectine par voie orale, hors AMM, pourrait être une solution. En effet, un essai randomisé double insu (« Oral Ivermectin versus Malathion Lotion for Difficult-to-treat Head Lice », publié dans le « New England Journal of Medicine » en 2010) a montré que l'ivermectine par voie orale est supérieure au malathion en lotion 0,5 %. Mais rappelons que cette molécule ne dispose pas d'AMM pour le traitement des poux.
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