LE QUOTIDIEN. - Que savez-vous de H7N9 ?
VINCENT ENOUF. - Il y a eu vraisemblablement une recombinaison de plusieurs virus pour refabriquer un nouveau virus, le H7N9 que l’on observe aujourd’hui. C’est un virus aviaire qui est sorti du lot en infectant l’homme. Il présente une mutation d’adaptation aux mammifères sur la protéine PB2 (E627K), ce qui est un élément clef de l’adaptation d’un virus aviaire à l’homme. La Neuraminidase N9 est capable de cliver les acides sialiques liés en α2-6 comme ceux liés en α2-3. Cela permet au virus de cliver les mucines présentes dans les voies respiratoires de l’homme, facilitant ainsi l’infection au niveau des voies respiratoires supérieures. Il faut savoir que les virus aviaires se multiplient généralement à des températures plus élevées autour des 38°C, plus proche de la température des voies respiratoires inférieures humaines. Ainsi, un virus qui d’emblée est capable de se multiplier dans les voies respiratoires supérieures, peut alors contaminer l’homme plus facilement.
Y a t-il un risque de transmission interhumaine ?
Aucun cas de contamination d’homme à homme n’a été décrit jusqu’ici. Les cas en Chine ont été observés chez des personnes qui vivent sans doute très proches de leurs poulets avec des concentrations virales très élevées ou qui travaillent dans des élevages ou dans des abattoirs.
Quand pourra t-on fabriquer le vaccin ?
Dès que la séquence génétique est connue, il est possible d’envisager la fabrication d’un vaccin. Un virus recombinant chimérique va être fabriqué à l’aide de l’hémagglutinine (HA) et de la neuraminidase (NA) du nouveau virus aviaire. On n’est pas obligé d’avoir la souche initiale pour produire ce vaccin. On peut synthétiser des gènes synthétiques correspondant à la HA et la NA. Ces protéines sont la cible de notre système immunitaire et favorisent la production d’anticorps capables de neutraliser le virus.
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