LA POPULATION française vieillit. L’espérance de vie d’une personne âgée de 60 ans augmente de deux mois chaque année dans l’Hexagone. Le phénomène est bien connu, à tel point que de nombreux politiques et économistes plaident aujourd’hui pour un report de l’âge légal de la retraite au-delà de 60 ans. Ce qui est moins connu, en revanche, c’est l’effet du vieillissement de la population sur les dépenses de médicaments remboursables. Pour le savoir, le LEEM (Les entreprises du médicament) a demandé au Collège des économistes de la Santé (CES) de mener l’enquête. Des chercheurs de l’INSERM ont été mis à contribution afin d’élaborer une méthode permettant d’estimer le niveau de croissance annuelle de ces dépenses entre 2004 et 2029 pour les spécialités vendues en officine*. Pour y parvenir, ils ont « fait vieillir » d’un quart de siècle des Français de 25 ans et plus (sur la base des données de 2004), selon trois scénarios. Scénario 1 : les tendances épidémiologiques observées en 2004 sont projetées sans changement jusqu’en 2029. Scénario 2 : l’âge du moment du décès est identique à l’hypothèse précédente mais la date de survenue de la maladie recule. Troisième scénario, la maladie survient plus tard et le décès intervient à un âge plus élevé. Ainsi, en variant les curseurs de l’âge et de l’état de santé des individus, les auteurs de l’étude observent, selon le scénario 1, que le vieillissement de la population serait à l’origine d’un surcoût de près de 10 milliards d’euros en 2029 par rapport à 2004 ; si l’on suit l’hypothèse n° 2, l’augmentation des dépenses ne s’élèverait plus qu’à 7,5 milliards d’euros, la maladie survenant plus tardivement ; enfin, d’après le scénario 3, les dépenses progresseraient cette fois de 12,5 milliards d’euros. « Dans les trois cas, l’allongement de la durée de vie représenterait, en matière de médicaments, un coût pour l’assurance-maladie proche de la croissance économique du pays », souligne le LEEM. Pour son président, Christian Lajoux, il n’y a pas de doute, « si l’allongement de la durée de vie pose un problème pour le financement des retraites, l’étude montre clairement qu’elle n’en pose pas en matière de dépenses de médicaments ».
Toutefois, les auteurs soulignent qu’il s’agit seulement de prévisions et que d’autres facteurs peuvent jouer, comme l’arrivée de nouvelles molécules, une modification importante des prix, ou encore l’intensification de la demande de santé. « Les comportements de recours aux soins seront aussi dictés par les niveaux de remboursements des médicaments et par la part prise en charge par les assurances complémentaires santé », ajoutent les auteurs de l’étude.
Quoi qu’il en soit, Christian Lajoux insiste : « le déficit de la Sécurité sociale n’est pas dû au médicament, mais à un défaut de recettes. » « Nous respectons peu ou prou l’ONDAM** chaque année, poursuit le président du LEEM. Même si l’on peut faire encore mieux, le médicament n’est plus responsable des dérapages. »
** Objectif national des dépenses d’assurance-maladie.
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