« LE PETIT ENFANT n’est pas un adulte miniature ! », lance le Dr Jean Pierre Chouraqui (gastro-entérologue, pédiatre et nutritionniste, Hôpital couple-enfant de Grenoble). Ainsi, son régime devrait être adapté à ses besoins spécifiques. Or, selon le second volet de l’étude Nutri bébé menée par le SFAE en partenariat avec le CREDOC, beaucoup de déséquilibres sont à revoir dans l’alimentation de l’enfant. Cette étude a été menée auprès de 1 035 mères d’enfants de 0 à 3 ans non allaités, qui ont rapporté l’alimentation de leur enfant sur 3 jours.
Pas assez de lipides ni de fer.
Tout d’abord, à partir de 1 an, plus de 80 % des enfants ont des apports en lipides inférieurs aux apports moyens recommandés. Les besoins lipidiques de l’enfant sont 3 à 5 fois plus élevés que ceux de l’adulte. Mais, « la lipidophobie développée ces dernières années dans notre pays, se traduit par une insuffisance d’apport à a fois quantitative et qualitative des lipides chez l’enfant », évoque Jean-Pierre Chouraqui. Un constat inquiétant compte tenu du rôle majeur que jouent les lipides dans le développement du système nerveux central.
L’étude montre également que les jeunes enfants ne consomment pas assez de fer, toujours après l’âge d’un an. En effet, avant cet âge, les apports moyens en fer sont couverts, car ils sont fournis par les laits infantiles. Mais plus tard, entre un et deux ans, 45 à 55 % des enfants ont des apports en fer inférieurs aux recommandations, et cette proportion atteint 74 à 77 % des enfants entre 2 et 3 ans. « Ces déficits en fer sont rarement responsables d’une anémie chez l’enfant, mais ils pourraient contribuer à un moins bon développement psychomoteur, des infections plus fréquentes, etc. », estime le médecin.
Trop de protéines, trop de sel.
Par ailleurs, la grande majorité des enfants de moins de trois ans consomment trop de protéines. Cette situation est particulièrement marquée à partir de 4 mois, lors de l’entrée dans la diversification alimentaire. L’étude de la SFAE montre que les apports moyens protéiques augmentent progressivement avec l’âge, jusqu’à atteindre presque 4 fois les apports recommandés à 3 ans. « Ces apports excessifs en protéines sont inutiles pour la croissance ou la santé de l’enfant, et pourraient même avoir un effet néfaste sur le rein », indique le Dr Chouraqui, qui met en garde contre la forte consommation de lait de vache, bien plus riche en protéines qu’un lait 2e âge ou de croissance, et contre l’excès de laitages, de fromages, de jambons et de charcuteries.
Quant au sel, plus de 95 % des enfants de plus de 1 an ont des apports en sel supérieurs aux recommandations. « Si les mamans font attention de ne pas ajouter de sel quand elles cuisinent, elles n’ont pas conscience qu’une part de pizza ou du jambon, sont extrêmement salés », estime le Dr Chouraqui. Et si les répercussions de l’excès de sel sont encore mal établies chez l’enfant, on connaît son effet délétère sur le système cardiovasculaire chez l’adulte.
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