Une étude franco-danoise montre que la prise soutenue d’ibuprofène chez de jeunes hommes sportifs pourrait être à l’origine de troubles de la reproduction.
De nombreuses études indiquent que l’ibuprofène est utilisé massivement par les athlètes (notamment les footballeurs et les coureurs de fond), souvent en automédication ou sous la pression de leur entourage professionnel. Mais quels sont les effets de cette forte consommation, notamment sur le testicule ? Pour le savoir, des chercheurs français (INSERM/IRSET, Rennes) et danois ont mené trois études : un essai clinique sur 31 athlètes de 18 à 35 ans dont la moitié a pris de l’ibuprofène (1 200 mg par jour pendant 6 semaines), un essai sur des cultures de fragments de testicules humains exposés à de l’ibuprofène, un essai sur une culture de cellules humaines produisant des stéroïdes. L’ensemble de l’étude a été publié dans la revue américaine « Proceedings of the national academy of sciences » et a fait l'objet d'un communiqué de l'INSERM.
Au final, ces travaux montrent que la prise prolongée à des doses importantes d’ibuprofène induit chez les jeunes hommes sportifs un déséquilibre hormonal habituellement rencontré chez des hommes âgés (environ 10 %) et appelé hypogonadisme compensé. Cet état est généralement associé à des risques accrus pour la santé reproductive, comme pour la santé en général.
Pour Bernard Jégou (École des hautes études en santé publique) et pour Christèle Desdoits-Lethimonier (Université de Rennes 1), coauteurs de l’étude, les conclusions de ce travail sont à prendre au sérieux : « Si cet état d’hypogonadisme compensé s’installe, les athlètes risquent déjà d’accroître les risques liés à la prise d'ibuprofène, mais aussi d’altérer leur condition physique (muscles et os), leur santé reproductive et même psychologique. » D’où l'intérêt de limiter, voire de cesser, cette consommation d'ibuprofène.
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