APRÈS LA DESCRIPTION début mars d’un cas américain lors du Congrès de la CROI, l’étude confirme avec un recul important le rôle déterminant d’une intervention thérapeutique précoce.
La publication sur la cohorte VISCONTI (Viro-Immunologic Sustained CONtrol after Treatment Interruption, coordonnée par Christine Rouzioux et Asier Saez-Cirion), rapporte des cas de patients traités très tôt lors d’une primo-infection. Par très tôt, on entend dans les 4 mois qui suivent la contamination, explique l’un des auteurs, le Dr Laurent Hocqueloux (Service des maladies infectieuses et tropicales, Orléans). Ces cas ont été observés dans son service, avec le Dr Thierry Prazuck, ainsi que dans la cohorte ANRS CO 06 PRIMO (où l’on suit à long terme les patients nouvellement infectés). Les études ont montré que l’on situe aux alentours de 100 jours le délai nécessaire à la mise en place d’une activation immunitaire chronique. Par ailleurs, la primo-infection survient dans les 10 à 30 jours après la contamination.
Trithérapie ou bithérapie.
Dans « PLoS Pathogens », sont décrits 14 cas de patients de la cohorte VISCONTI, qui ont été diagnostiqués au cours d’une primo-infection. Ils ont immédiatement été mis sous traitement antirétroviral selon les critères d’éligibilité au traitement de l’époque (fin des années 1990). Ils ont été traités de manière variable, par trithérapie ou pour certains, par bithérapie. Le traitement a été donné pendant plusieurs années (en moyenne 3 ans), puis on leur a proposé une interruption thérapeutique.
Il y avait à ce moment-là des gros soucis par rapport à la tolérance des traitements, qui ont pu motiver ces arrêts thérapeutiques, chez des personnes qui présentaient des critères de contrôle du VIH (CD4 élevés, virémie basse, ADN proviral bas), explique le Dr Hocqueloux.
Ils ont ensuite été suivis régulièrement et même en l’absence de traitement, l’infection est demeurée sous contrôle. Au total, les analyses 7,5 ans après l’arrêt des rétroviraux montrent qu’il n’y a pas eu de rebond de l’infection et que les réservoirs viraux demeurent à un niveau très bas. Chez certains, on a même observé au cours du temps une diminution des cellules infectées circulantes. « Cette diminution du réservoir viral chez ces individus qui maintiennent une virémie contrôlée confirme le nouveau concept de "rémission fonctionnelle" », observent les auteurs.
10 à 15 % de ceux qui sont traités tôt.
« On estime à environ 10 à 15 % la proportion des personnes qui, dans ces conditions (traités tôt et longtemps), contrôlent durablement après traitement la réplication virale », soulignent-ils. À côté de ces « contrôleurs après traitement », il existe des « contrôleurs naturels » (en anglais « HIV controlers », ou « elite controlers »), ce qui correspond à 1/300 patients infectés par le VIH, qui, en l’absence de traitement, maintiennent naturellement une charge virale basse et un bon état immunitaire.
« Le traitement donné tôt est à même d’induire cet état, probablement en limitant l’extension des réservoirs viraux et en protégeant l’immunité (en empêchant l’activation de la réponse immunitaire chronique), c’est un des points fondamentaux que révèle l’étude de cette cohorte », soulignent les investigateurs.
Existe-t-il une similitude entre les contrôleurs sous traitement et les contrôleurs naturels ?
Ils ont en commun un réservoir vital très faible et une immunité solide. Les contrôleurs naturels sont moins souvent symptomatiques au moment de la primo-infection. Ils présentent un profil génétique HLA qui protège. Une particularité génétique qui n’est pas trouvée chez les contrôleurs après traitement (HLA B27 et B57 surreprésentés dans les contrôleurs naturels). Les mécanismes de contrôle sont donc probablement différents. Leur étude est importante pour comprendre les rémissions fonctionnelles et étendre les possibilités de contrôle de l’infection.
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