LE BILAN de l’expérimentation sur l’intégration du budget médicament dans le forfait de soins des EHPAD est attendu pour l’automne. Chargée de rédiger le rapport définitif, Muriel Dahan a toutefois déjà rendu ses premières conclusions à la ministre de la Santé fin mars. Bonne nouvelle pour la profession, « l’entrée du pharmacien référent dans ce dispositif représente une avancée », estime la conseillère générale des établissements de santé. « On voit déjà les effets sur les consommations de médicaments, du fait des interactions entre médecins et pharmaciens », précise-t-elle. Les médecins, ce sont, d’une part, le gériatre coordinateur de l’EHPAD, et, de l’autre, le praticien libéral, qui visite les résidents de l’établissement.
Bien accepté par les médecins.
Selon Jean-Marie Vetel, gériatre au Mans, « le pharmacien référent est très bien accepté » par ses confrères. « Je le vois au niveau du syndicat des gériatres. Tous se disent renforcés par l’intervention d’un expert du médicament », explique le Dr Vetel. Un décret formalisant le rôle de chacun au sein de l’EHPAD doit paraître prochainement, souligne Muriel Dahan. En particulier, les prescripteurs libéraux devront signer un document conventionnel et se soumettre à des critères de bonnes pratiques. En parallèle de cette expérimentation, la commission de la transparence a élaboré des recommandations pour les 40 pathologies les plus fréquentes, à l’attention des prescripteurs. « Aucune publication ne montre, par exemple, que l’administration de deux médicaments, même de mode d’action différent, est plus efficace qu’un seul dans le traitement de la maladie d’Alzheimer », insiste le gériatre. Ce dernier a élaboré un outil permettant de quantifier le besoin réel en médicament des résidents de chaque EHPAD, en fonction de leur état de santé. Ces informations à disposition du directeur de l’établissement pourront remonter vers les agences régionales de santé (ARS) et le ministère, afin de définir les budgets à allouer pour chaque établissement.
Des dés pipés.
De leur côté, les syndicats d’officinaux se félicitent du bon déroulement de cette phase expérimentale, qui voit le pharmacien prendre sa place au sein des EHPAD. Mais cela n’empêche pas les doutes et les objections. Philippe Gaertner, président de la FSPF (Fédération des syndicats pharmaceutiques de France) estime ainsi que le budget médicament des EHPAD ne devrait pas être soumis à une somme forfaitaire fixe, s’élevant à 600 millions d’euros. Pour lui, il doit être possible de l’élargir en fonction des évolutions thérapeutiques. Le président de la FSPF s’inquiète également de la possibilité pour plusieurs EHPAD de se regrouper pour constituer une pharmacie à usage intérieur (PUI), telle que le prévoit la loi de financement de la Sécurité sociale 2010. « Pour certains pharmaciens, l’activité en EHPAD représente jusqu’à 20 % du chiffre d’affaires. Attention à ces officines qui sont déjà pénalisées par des départs de médecins en zone rurale », renchérit Gilles Bonnefond, président délégué de l’USPO (Union des syndicats de pharmaciens d’officine). Pour lui, PUI et officines ne jouent pas à armes égales. « Les dés sont pipés dès le départ. Nous, officinaux, nous ne pouvons pas négocier les prix et acheter au-delà des remises légales », argumente t-il.
Satisfaite du nouveau rôle confié aux officinaux, Isabelle Adenot, présidente de l’Ordre des pharmaciens, tient toutefois à garder un œil sur la création d’une « liste en sus » pour les médicaments onéreux, qui n’entreraient pas dans le champ du forfait de soins. « Nous sommes attentifs à ce que le forfait ne soit pas dévié dans son application », affirme Isabelle Adenot.
D’après une conférence du 25e salon Pharmagora.
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