Myélome multiple

Un espoir de guérison avec les avancées thérapeutiques

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Publié le 27/04/2017
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Le myélome multiple est le troisième cancer hématologique après les lymphomes et les leucémies. Il touche 30 000 personnes en France avec 5 000 nouveaux cas chaque année.
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Crédit photo : phanie

Ce cancer de la moelle osseuse provoque une prolifération incontrôlée de plasmocytes anormaux, qui sont des sous-types de globules blancs fabriquant les anticorps. Dans le cadre du processus malin, ces anticorps anormaux se multiplient à l'intérieur de l'os et le détruisent. Il en résulte des douleurs, des fractures spontanées et une libération du calcium dans le sang. Cette hypercalcémie constitue une urgence rénale dans la mesure où le rein n'est pas équipé pour dégrader des protéines aussi grosses et filtrer autant de substances. Ce qui engendre une insuffisance rénale et son stade ultime, la dialyse.

Par ailleurs, ces plasmocytes anormaux n'assurent plus une fonction de défense immunitaire correcte et les malades atteints de myélome multiple développent un taux d'infections important. Dans la moelle infiltrée, la production des autres composants est également altérée, en particulier celle des globules rouges ; il s'ensuit une fatigue et une anémie. Les plaintes les plus fréquemment rapportées par les patients sont les douleurs et la fatigue, mais la maladie a plusieurs portes d'entrée (néphrologie, hématologie, rhumatologie) et les rechutes sont fréquentes. La prise en charge est lourde et ses modalités diffèrent. Elles vont d'une surveillance régulière et attentive, le traitement étant repoussé jusqu’à ce que les signes d'évolution de la maladie justifient sa mise en route, aux traitements médicamenteux d'emblée associés à une autogreffe de cellules-souches hématopoïétiques. « Actuellement, se développe une approche qui préconise un traitement précoce et prolongé, une synergie entre les greffes de cellules-souches et les médicaments de chimiothérapie, permettant un allongement de la survie dans de bonnes conditions », déclare le Pr Mohamad Mohty, hématologue à l'hôpital Saint Antoine (Paris).

Traitements innovants et thérapies complémentaires
À la fin des années 1990, la thalidomide a beaucoup amélioré le pronostic des patients. En 2000, l'arrivée du premier inhibiteur du protéasome a révolutionné la prise en charge. L'arsenal thérapeutique s'est aujourd'hui enrichi de nouveaux inhibiteurs du protéasome et des anticorps monoclonaux. Tous ces progrès ont permis de doubler l'espérance de vie des patients jeunes auto greffés.

En 2016 cinq nouveaux médicaments, dont trois ont déjà obtenu une AMM européenne, laissent espérer des progrès en rupture avec ceux observés par le passé. « Les médicaments de nouvelle génération ciblant le système immunitaire ont un énorme potentiel. Ils ont pour objectif de le stimuler afin qu'il contrôle lui-même la maladie, remarque le Pr Mohty. On commence à parler de guérison opérationnelle chez certains patients. La survie va s'allonger lorsque nous pourrons affiner l'utilisation de ces nouveaux traitements, parfois difficilement disponibles et actuellement prescrits en dernier recours. »

L'immunothérapie, qui fait beaucoup de progrès, et les inhibiteurs de check point, qui contrôlent l'expansion des cellules cancéreuses, vont s'ajouter à l'arsenal thérapeutique, et l'année 2 026 verra l'espoir d'un myélome définitivement sous contrôle.

Les soins de support font aussi partie de la prise en charge globale des patients. La circulaire DGOS/INC du 27 février 2017 a inscrit cinq nouveaux soins de support pour les patients atteints du cancer, en particulier une activité physique adaptée. Pour sa part, l'Association francophone des soins oncologiques de support (AFSOS) répertorie 70 référentiels pour accompagner le patient à tous les stades de la maladie. « Les patients atteints d'un myélome multiple ont un risque de développer des infections, il faut pouvoir les informer des mesures préventives à mettre en place. Pour atténuer les lésions osseuses, la prise en charge de la douleur est indispensable », souligne le Dr Didier Kamioner, hémato-oncologue vice président de l'AFSOS.

 

D'après une conférence de presse de l'Association française des malades du myélome multiple (AF3M).

Christine Nicolet

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3346