EN PUBLIANT, à quelques jours d’intervalle, deux études, l’une dans « Nature Neuroscience », l’autre dans « Neuron », une équipe américaine suggère une explication causale à la schizophrénie. Akira Sawa et coll. y expliquent en outre pourquoi l’affection ne survient pas avant l’âge adulte. La responsabilité en reviendrait à un gène, DISC1, au rôle primordial dans l’établissement des connexions nerveuses cérébrales.
Ces travaux ont été orientés par un constat antérieur. Dans une famille écossaise, où plusieurs membres étaient atteints de schizophrénie ou de troubles mentaux, une mutation du gène DISC1 avait été relevée. D’autres études, rapportent A. Sawa et coll. ont suggéré que la schizophrénie est le fait de troubles de la connectivité cérébrale. Ce que corrobore la survenue de l’affection après l’adolescence, période d’intense réorganisation neuronale.
L’étude publiée dans « Nature Neuroscience » a commencé par une phase d’observation, montrant que le pic d’activité de DISC1 se situe dans les synapses. Pour en déterminer la fonction, les chercheurs ont tenté, chez l’animal, de le réprimer partiellement par la technique des ARN interférents. Ils constatent que, après une période d’augmentation transitoire, les dendrites se réduisent en taille et en nombre.
Puis l’équipe s’est intéressée aux protéines qui interagissent avec celle que code DISC1. Ils ont constaté que la protéine DISC1 peut temporairement prendre la place d’une autre, impliquée dans la formation des dendrites, Kal-7. Cette liaison persiste jusqu’à ce que Kal-7 s’en libère et déclenche la cascade moléculaire conduisant à la formation de dendrites.
Nombre et taille des dendrites.
Selon les chercheurs, il devient de plus en plus évident qu’un gène DISC1 défectueux peut conduire à une diminution du nombre et de la taille des dendrites, réduisant ainsi le nombre de connexions. Comme cela a été constaté de longue date dans la schizophrénie. Comme les synapses subissent des modifications permanentes, des altérations de leur renouvellement pourraient expliquer la schizophrénie.
Dans leur seconde étude, les chercheurs expliquent avoir créé un modèle de souris dont le gène DISC1 est temporairement réduit au silence dans le cortex préfrontal. Grâce à des ARN interférents, ils ont « éteint » le gène in utero, deux semaines après la fécondation. Il redevient fonctionnel vers l’âge de 3 semaines. Après la réactivation spontanée du gène, les chercheurs constatent une immaturité des rongeurs, par rapport à des témoins. Ils sont plus sensibles aux stimulants, sont plus actifs. Des comportements en partie corrigés par un traitement de la schizophrénie. Des signes qui suggèrent que la cause de l’affection s’exprime avant la naissance pour ne se traduire qu’après l’adolescence.
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