NÉ EN 2004 au sein d’un laboratoire du CNRS de Limoges, le projet, porté par les chercheurs Armelle Cuvillier et Gaël Champier, consistait en la création d’une plate-forme dédiée aux développements économiques éventuels de la recherche fondamentale. La société, véritablement fondée en 2007 sous forme de SAS, a d’abord été hébergée par l’université limougeaude, avant de s’installer, en 2010, dans l’immeuble de l’Établissement français du sang, proche du CHU. Entre les différentes aides à la création, et plusieurs partenariats privés obtenus sur dix ans, l’entreprise aura bénéficié au total d’un peu plus de deux millions d’euros pour fonctionner et se structurer. Aujourd’hui, cinq personnes y travaillent, dont deux de ses créateurs, avec pour objectifs principaux la mise au point d’un vaccin préventif contre le VIH et d’un procédé de diagnostic précoce et de traitement du cancer colorectal.
« Notre but est de développer des molécules ciblant précisément les muqueuses – intestin, poumon, tractus urogénital – et des organes annexes (sein, prostate), révèle Armelle Cuvillier, afin de proposer une approche curative innovante contre les différents types de cancer, ou une alternative vaccinale contre des infections bactériennes et virales. À travers notre travail, nous avons obtenu des résultats encourageants sur le dépistage précoce des métastases pulmonaires, et le traitement d’une tumeur colorectale, ainsi qu’une avancée majeure dans le domaine d’un vaccin contre le VIH, en collaboration avec Sanofi-Pasteur et l’INSERM/Université de Strasbourg… »
Actuellement, B-Cell-Design a déjà, dans ce dernier domaine (VIH), obtenu des résultats probants grâce à son procédé testé sur la souris. L’étape suivante sera une expérimentation sur d’autres espèces - autres petits rongeurs, lapins - avant de s’orienter, d’ici à deux ans, vers une étude sur des volontaires humains sains, pour tenter d’aboutir à un véritable vaccin préventif. Une voie espérée et très empruntée depuis l’apparition de la maladie au début des années 1980, ouvrant la porte à d’immenses possibilités.
Au-delà de l’espoir.
S’il n’est pas question pour le laboratoire limousin de songer à une industrialisation du processus – la mise en vente d’un vaccin étant d’un autre ressort – ses deux responsables recherchent des partenaires pouvant leur donner les moyens de finaliser leurs recherches. Estimation de Gaël Champier : 550 000 euros, avec la création d’une holding pouvant exploiter les futurs brevets, et, selon les termes du directeur technique, « permettant d’atteindre la taille critique pouvant intéresser les grands groupes, afin de poursuivre notre travail, et finalement d’aboutir… »
L’entreprise développe en parallèle une activité de services, mettant à disposition d’autres unités de recherches - notamment dans le domaine de l’industrie diagnostic - ses propres installations et compétences. Ces prestations lui permettent de subsister à raison de 200 000 euros/an environ, avant que l’aboutissement de ses travaux ne lui permette, plus tard, de gagner véritablement de l’argent. La levée de fonds envisagée lui permettra de concilier ses deux spécialités – R & D et Services – tout en devenant à terme une société rentable.
Si les avancées dans le domaine du VIH sont encourageantes, Armelle Cuvillier relativise son succès, en rappelant que le temps reste un important paramètre : entre les tests sur animaux, les phases cliniques successives, les essais, puis au final l’exploitation par un grand laboratoire, il faut envisager entre cinq et six ans d’attente.
« Nous irons vraisemblablement jusqu’aux essais cliniques de phase I/II, dévoile-t-elle, avant de passer un accord de transfert avec une société pharmaceutique capable de poursuivre le développement. Notre ambition est également de continuer nos recherches, dans d’autres directions, comme le cancer colorectal et bien d’autres pathologies. Nos molécules ont différentes applications possibles, avec des problématiques multiples, et ce que nous faisons sur le SIDA est une partie seulement de nos possibilités. Mais il est évident que cette lutte contre le VIH reste emblématique… »
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