Analyse d’urine, tension artérielle, poids, température…

Un labo dans mes WC

Publié le 30/08/2010

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AU JAPON, l’expression lieux d’aisance n’est pas une formule vaine. Les toilettes nipponnes sont en effet réputées pour leur haut niveau de confort et de sophistication. On connaissait déjà les cuvettes équipées de douchettes, ventilateurs, lecteurs de CD, sièges chauffants ou massants et autres gadgets destinés à optimiser le séjour au « petit coin ». Les derniers progrès réalisés par la société Toto, numéro japonais des sanitaires, transforment désormais ce moment d’intimité en visite médicale. Hypochondriaque, s’abstenir ! Techniquement parlant, les ingénieurs ont installé un tube qui sort de la cuvette et recueille un échantillon d’urine destiné à mesurer votre glycosurie et votre température corporelle. Mais ce n’est pas tout ! Un pèse-personne encastré dans le sol devant le siège calcule votre poids et un bracelet permet de contrôler votre pression artérielle. Mieux encore, l’ensemble de ces résultats est envoyé automatiquement à votre ordinateur personnel, à partir duquel vous pourrez, si vous le souhaitez, transmettre ces données à votre médecin traitant. L’efficacité de ces dispositifs dans le dépistage de certaines maladies reste encore à démontrer. Tout aussi attentifs à la prévention, les Allemands privilégient, eux, un aménagement moins sophistiqué. Outre-Rhin, on utilise plus volontiers la « cuvette à fond plat » dans laquelle une sorte de palier, non immergé, recueille les excréments. Ceux-ci passent dans l’eau seulement au moment du tirage de la chasse d’eau. Entre autres avantages pratiques, ce type de cuvette permet un examen visuel plus aisé des fèces, à la recherche d’éventuelles anomalies (présence de sang) trahissant par exemple la présence du redoutable cancer du côlon. La cuvette à fond plat semble efficace : en Allemagne, la fréquence de ce cancer serait en effet plus faible que dans les pays aux cuvettes classiques. Et voilà l’hygiène et la médecine mariées de façon bien prosaïque. Vous vouliez de la poésie ? C’est Emmanuel Arago qui vous l’offre : « Vous qui venez ici dans une humble posture, débarrasser vos flancs d’un importun fardeau, veuillez, quand vous aurez soulagé la nature et déposé dans l’urne un modeste cadeau, épancher dans l’amphore un courant d’onde pure ».

› DIDIER DOUKHAN