LE MAL DES TRANSPORTS concernerait chaque année trois millions de personnes et les nausées et vomissements en toucheraient quinze millions. Dans ce contexte, le potentiel de développement du marché des médicaments conseils contre la nausée est important. Actuellement, cinq références, allopathiques ou homéopathiques, se partagent 99 % du marché des médicaments antinauséeux et antinaupathiques non remboursables : Vogalib, Cocculine, Mercalm, Nausicalm et Nautamine. Nausetum, des Laboratoires Ferrier, complète l’offre en homéopathie. Certains de ces médicaments sont destinés à prévenir et traiter le mal des transports (Cocculine, Mercalm, Nautamine), tandis que Vogalib est indiqué spécifiquement dans le traitement des nausées. Nausicalm et Nausetum disposent quant à eux de la double indication. Lancé en 2004 par les Laboratoires Schwarz Pharma, Vogalib correspondait à la déclinaison de leur spécialité de prescription Vogalène (métopimazine), en une version dédiée au conseil officinal. Depuis, le produit a changé plusieurs fois de main et a été repris par Cephalon, qui a rejoint le Laboratoire Teva. Vogalib est indiqué dans le traitement symptomatique de courte durée des nausées et vomissements non accompagnés de fièvre. Réservé aux adultes et aux enfants de plus de six ans, il a la particularité de se présenter sous forme de lyophilisat oral, qu’il suffit de déposer sur la langue. « C’est une forme qui présente un grand intérêt, car elle permet une dissolution quasi immédiate, une absorption rapide et elle est très pratique car elle peut être prise sans eau, détaille Lionel Parra, responsable marketing chez Teva. C’est particulièrement approprié, car les personnes nauséeuses ont souvent des difficultés à absorber des aliments ou des liquides. » Pour faciliter la prise chez les petits, il peut aussi être dissous dans un demi-verre d’eau. « Son goût est assez neutre et il est bien accepté par les enfants », assure Lionel Parra. Autre avantage : les effets sédatifs, souvent associés aux antinauséeux, sont plutôt rares.
Fort effet saisonnier.
L’an dernier, 2,1 millions d’unités de Vogalib ont été vendues. « Le marché est en croissance soutenue, nous avons progressé de 7 % depuis deux ans », se félicite Lionel Parra. À fin 2012, Vogalib détenait 57 % des parts de marché. Ce segment bénéficie d’un fort effet saisonnier. « Pour 2012-2013 par exemple, 47 % des ventes annuelles de Vogalib ont été réalisées entre décembre et février, alors que 18 % seulement ont été effectuées lors de la période estivale », détaille Lionel Parra. Contrairement aux autres médicaments, qui sont plutôt utilisés pour le mal des transports, c’est la période hivernale qui assure des pics de vente à Vogalib, du fait de la recrudescence des gastro-entérites et des troubles digestifs associés. « À l’inverse, la plupart de nos concurrents réalisent 30 % de leurs ventes annuelles en été, lors des départs en vacances », estime le responsable marketing. Il se déclare plutôt confiant quant à l’évolution de ce marché. « Depuis trois ans, nous observons une évolution du comportement des consommateurs. Ils se tournent de plus en plus vers l’automédication, ce qui nous fait escompter une progression de ce segment. La notoriété compte beaucoup dans ce marché et nous misons sur nos campagnes de communication grand public pour la développer davantage. Par ailleurs, lorsque la marque a été conseillée une fois par le pharmacien, le réachat opère. Pour le moment, Vogalib apparaît en 7e position en terme de notoriété auprès du grand public, ce qui est remarquable pour une marque disposant d’une seule référence ».
Risques de somnolence.
Le concurrent de Vogalib pour cette indication, Nausicalm, est préconisé à la fois pour les nausées et vomissements sans fièvre et pour le mal des transports. Le médicament contient un antihistaminique, le diménhydrinate. Il existe sous deux formes : des gélules pour les patients à partir de 15 ans et une forme sirop, utilisable à partir de deux ans pour le mal des transports, et de six ans pour les nausées et les vomissements. « Avant deux ans, l’oreille interne n’est pas complètement formée et l’enfant ne peut pas souffrir de mal des transports », explique Bénédicte Noury, directrice marketing international pour les Laboratoires Nogues. Les AMM de Nausicalm sirop et Nausicalm gélules ont été obtenues en 1984. En 2012, 360 000 unités ont été vendues, dont 60 % pour la forme sirop et 40 % pour les gélules. « Le sirop est privilégié, car c’est le seul qui peut être donné aux enfants, plus touchés par le mal des transports », souligne Bénédicte Noury. Parmi les effets indésirables notables pour ce médicament, il faut souligner la somnolence, avec une alerte de niveau 2. La conduite et l’utilisation de machines dangereuses sont déconseillées, surtout dans les heures qui suivent la prise du médicament. Il existe également des risques d’allergie et de sécheresse de la bouche. Bénédicte Noury note une stagnation du marché depuis plus de dix ans, tandis que la part des médicaments homéopathiques progresse. « Les mamans sont plus réticentes à donner des médicaments traditionnels à leurs enfants et la part de l’homéopathie, avec Cocculine et Nausetum, atteint désormais 60 % du marché, tandis que l’allopathie a tendance à reculer. » En revanche, dans les nausées et vomissements, Nausicalm détient 20 % du marché, face à son seul concurrent en allopathie, Vogalib. « Le pic des ventes pour les nausées et vomissement se situe entre novembre et février, tandis que celui pour le mal des transports est plutôt en été, même s’il est difficile d’identifier précisément les usages de nos produits », note Bénédicte Noury.
Autre antihistaminique, Mercalm est un médicament des Laboratoires Hepatoum, indiqué dans la prévention et le traitement du mal des transports chez l’adulte et l’enfant de plus de six ans. Il contient lui aussi du diménhydrinate, ainsi que de la caféine, permettant de limiter l’effet de somnolence. Comme pour Nausicalm, les effets secondaires incluent des risques d’allergie et de sécheresse buccale. Avec 350 000 unités vendues en 2012, Mercalm talonne de près Nausicalm et se place en troisième position sur le marché des antinaupathiques en vente libre. Enfin, en quatrième position se trouve Nautamine, le dernier antihistaminique de ce marché. Commercialisé par Sanofi-Aventis, il a été lancé en 1951. Il est lui aussi indiqué dans la prévention et le traitement du mal des transports. Il contient de la diphénhydramine qui induit, comme ses concurrents, des risques sédatifs.
L’homéopathie conforte son succès.
À l’inverse, les deux spécialités homéopathiques de ce marché, Cocculine et Nausetum, n’induisent pas d’effet de somnolence, ce qui contribue à leur succès. Cocculine est ainsi le leader sur le marché du mal des transports, avec plus de 50 % de parts de marché. Lancé en 1943, le produit existe en comprimés à sucer, granules et, depuis 2010, en comprimés orodispersibles. Ces derniers évitent le risque de fausse route et permettent d’élargir la cible en abaissant la limite d’âge aux enfants à partir de 18 mois. Les comprimés restent la forme la plus vendue, précise le laboratoire, qui ne souhaite cependant pas communiquer le nombre d’unités vendues l’an dernier. « Le marché est stable en avril 2013, par rapport à 2012 », note Raphaèle Lafaye, chef de produit naupathie chez Boiron. Il connaît également des pics de vente « au printemps et en été, au moment des départs en vacances ». Cependant, « ces départs peuvent s’étaler sur d’autres vacances scolaires. Le mal des transports, c’est toute l’année ! », estime Raphaèle Lafaye.
Pour compléter l’offre sur ce marché, Nausetum, médicament homéopathique en comprimé sublingual des Laboratoires Ferrier (groupe Arkopharma), existe depuis 2001. Indiqué à partir de 6 ans dans le mal des transports et les états nauséeux transitoires et légers, il contient, comme Cocculine, les souches Cocculus indicus, Nux vomica, et Tabacum. Cocculine contient en plus la souche Petroleum. En 2012, 5 000 unités de Nausetum ont été vendues en officine « mais la gamme a été reliftée et connaît un nouvel essor cette saison », précise Laurent Priou, pharmacien et chef de produit chez Arkopharma.
À l’heure où les départs en vacances commencent, le marché des antinauséeux tient donc plutôt bien le cap et garde des possibilités de croissance importante, dans un secteur de la vente libre qui dope le chiffre d’affaires des officines.
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