« Puisque le 4-methylumbeliferone (4-MU ou hymécromone) est déjà un médicament oral utilisé en Europe depuis longtemps, avec un excellent profil de sécurité, nous avons bon espoir que ce médicament puisse être réorienté pour prévenir le diabète auto-immun », confie au « Quotidien » le Dr Paul Bollyky, qui a dirigé cette étude à l’université de Stanford aux États-Unis.
Le diabète de type 1 auto-immun est caractérisé par une destruction immune progressive des cellules bêta du pancréas. Au stade préclinique, les îlots bêta sont le siège d’une inflammation (insulite) avec infiltration par des cellules immunes qui, d’abord passives, viennent à attaquer les cellules bêta. Le stade clinique correspond à la destruction de 90 % des cellules bêta.
Inflammation chronique
Dans une récente étude, l’équipe du Dr Bollyky a découvert que l’insulite auto-immune est associée a des dépôts d’acide hyaluronique (HA, ou hyaluronan), un polymère de la matrice extracellulaire. Ces dépôts sont absents dans les tissus des patients ayant un DT1 ancien ou un DT2. Peut-être mieux connu pour ses propriétés antivieillissement, l’acide hyaluronique pourrait contribuer à l’inflammation chronique dans plusieurs maladies.
Dans une étude publiée dans le « Journal of Clinical Investigation », l’équipe a exploré si ces dépôts d’HA pouvaient jouer un rôle dans l’insulite ou le développement du diabète. Les chercheurs montrent que les dépôts d’HA sont associés à la progression de l’insulite dans deux modèles murins du DT1 (la souris DORmO et la souris non-obèse diabétique). L’HA s’accumule uniquement dans les ilôts enflammés.
« Nous étions curieux de savoir ce qui se passerait si nous empêchions cette accumulation, et nous avions un médicament pour cela », explique le Dr Bollyky.
Ce médicament inhibant la synthèse d’acide hyaluronique est le 4-méthylumbeliferone (4-MU ou hymécromone). Il est disponible en vente libre en Europe (Cantabiline) pour traiter les troubles dyspeptiques. « Il a même été autorisé en Europe pour les enfants », précise-t-il.
Inhiber la synthèse de l’acide hyaluronique
Un traitement par 4-MU, débuté après la survenue de l’insulite, empêche la progression vers le diabète dans les 2 modèles animaux. Tant que les souris restent sous traitement, elles ne développent pas de diabète. Le 4-MU réduit l’accumulation d’HA, suspend la destruction auto-immune malgré la persistance de l’insulite (insulite non destructrice), et augmente le nombre des lymphocytes T régulateurs (Treg) qui sont nécessaires au maintien de la tolérance immune. Leurs données montrent aussi que l’HA inhibe la différenciation des cellules Treg. Ainsi, le 4-MU, en inhibant la synthèse d’HA, rétablit l’induction des cellules Treg pour empêcher la destruction des cellules bêta.
Selon le Dr Bollyky, aucun médicament n’a encore démontré un tel effet chez l’homme. Grâce à un financement de SPARK, un programme de Stanford pour faciliter le développement pharmacologique, l’équipe pourra débuter un essai clinique évaluant le 4-MU pour prévenir le diabète de type 1. « Notre espoir est que les individus à risque de DT1, pouvant être identifiés par dépistage sanguin d’auto-anticorps, puissent prendre l’hymécromone oral pour prévenir la survenue de l’hyperglycémie ».
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