« Nous sommes partis d'une feuille blanche », se souvient le Dr Christophe Ferrand (chef du Laboratoire d’Onco-Hématologie Moléculaire, EFS Besançon) qui a codirigé les travaux avec le Dr Marina Deschamps (unité Inserm UMR 1098 « Interaction Hôte-Greffon-Tumeur, Ingénierie Cellulaire et Génique »). « Plusieurs publications indiquaient que l'IL1RAP était spécifique des cellules-souches leucémiques, poursuit le Dr Ferrand, nous avons donc commencé par injecter un antigène correspondant à ces récepteurs à des souris, pour cribler les anticorps produits par les animaux et isoler les plus spécifiques. » Les chercheurs ont ensuite reproduit les séquences codantes pour les chaînes légères et lourdes de ces anticorps et les ont intégrées à un vecteur lentiviral.
Dans un article publié dans « Cancer research », les chercheurs de l'EFS démontrent in vitro, que les cellules CAR-T transformées grâce à ce vecteur lentiviral font preuve d'une forte cytotoxicité à l'encontre des cellules-souches tumorales murines génétiquement modifiées pour exprimer différentes isoformes d'IL1RAP, sans effet apparent sur les autres cellules-souches hématopoïétiques.
Chez la souris, une injection de cellules CAR-T anti-IL1RAP, 5 jours après une greffe de cellules tumorales, était associée à une disparition totale de la tumeur 23 jours après l'injection.
Des cellules CAR-T académiques moins chères
La plate-forme Bisontine de l'EFS dispose d'un agrément lui permettant de développer et commercialiser des médicaments et thérapies innovantes comme les cellules CAR-T. Alors qu'une injection de CAR-T cells produites par un laboratoire pharmaceutique est facturée à hauteur de plus de 300 000 dollars (plus de 260 000 euros), on estime que des cellules CAR-T produites académiquement coûteraient 50 000 à 70 000 euros « seulement ». Forts de leur preuve de concept, les chercheurs envisagent maintenant la mise sur pieds de la première étude de phase 1, qui se déroulera sous la supervision du Dr Deschamps.
Pour quel type de patients ? La question n'est pas tranchée : « Nous avons effectué notre preuve de concept dans la leucémie myéloïde chronique, mais cette pathologie reste très marginale, explique le Dr Ferrand. Nous allons bientôt publier de nouveaux résultats d'efficacité des CAR-T cells dirigés contre l'IL1RAP dans d'autres leucémies plus fréquentes, et espérons même leur trouver une application dans certaines tumeurs solides. »
S'ils disposent de toutes les installations, des compétences et des autorisations, les chercheurs manquent encore de fonds pour mener la suite de leurs travaux à bien. « Nous devons trouver 2 millions d'euros pour financer notre étude de phase 1 », conclut le Dr Ferrand.
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