Après 27 ans d’officine, Stéphane Robinet a choisi, en 2011, de vendre sa pharmacie strasbourgeoise pour se consacrer uniquement à la réduction des risques en addictologie : « je souhaitais faire évoluer ma vie professionnelle, et j’étais déjà très sensibilisé à ces questions par mon engagement dans des réseaux de prise en charge des toxicomanes et de délivrance des substituts aux opiacés », explique-t-il. Il crée alors une association destinée à la formation des officinaux à ces missions, « Pharm’addict » qui occupe aujourd’hui près de la moitié de son temps : en partenariat avec les Laboratoires Bouchara, il organise, dans toute la France, des soirées à l’intention des équipes officinales, centrées principalement sur les opiacés et leur substitution.
En 2013, une évolution législative a permis aux CSAPA d’élargir leurs missions, afin d’en faire de véritables centres de soins pour toutes les personnes souffrant d’addictions, ce qui augmente considérablement leur activité en matière pharmaceutique. Dans certains centres, les médecins ont obtenu une dérogation pour s’occuper de tous les médicaments, et non plus seulement de la méthadone, mais d’autres CSAPA ont commencé à recruter des pharmaciens, à raison d’une journée par semaine. « Les ARS financent ce dispositif, mais beaucoup de CSAPA, et beaucoup de pharmaciens, ignorent encore son existence, alors que travailler dans un tel centre peut être très intéressant pour tous les partenaires », constate M. Robinet.
Lui-même exerce actuellement dans trois centres, respectivement Ithaque à Strasbourg, Argile à Colmar et Pierre Nicole dans le 5e arrondissement de Paris. « Je suis là pour sécuriser l’ensemble du circuit pharmaceutique, sachant que beaucoup de nos patients sont suivis aussi pour des affections qui ne sont pas liées à leur consommation », souligne-t-il. S’il participe aux programmes de réduction des risques et à la délivrance des produits et du matériel, il souhaite à terme aller encore plus loin, en organisant par exemple une véritable éducation thérapeutique des patients consommateurs, ainsi qu’un examen plus poussé des drogues consommées, grâce à la chromatographie.
« C’est un nouveau métier, qui répond à de vrais besoins, mais qui reste trop mal connu », constate Stéphane Robinet, qui invite ses confrères intéressés à se tourner vers cette activité. Il précise que les CSAPA dépendant d’hôpitaux ne sont pas demandeurs, car ils travaillent avec les pharmacies de ces établissements. Par contre, les CSAPA associatifs, eux, ont besoin de pharmaciens vacataires, d’autant que beaucoup de leurs médecins ne veulent ou ne peuvent pas assurer cette mission. Une quarantaine de ces centres emploient déjà des pharmaciens, qui sont souvent des adjoints désireux de compléter leur temps partiel par une autre forme d’exercice.
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques